TROUVER LES BONS MOTS – DIFFICULTÉ DE PARLER

Aix-en-Provence. 6 novembre 2006

11 présents

# J’ai toujours eu de la difficulté à prendre la parole en public. Je suis maintenant plus à l’aise, mais j’ai encore du mal.

Quand quelqu’un  fait une observation  sur ce que je dis, je me bloque.

# Le problème dans la prise de parole n’est pas tant de la prendre que d’être compris. Dans ma tête, les idées avancent vite et il me manque les mots pour les exprimer.

Personnellement je prends la parole facilement, mais je m’aperçois aussi souvent que l’on ne comprend pas ce que je veux dire. Pendant le mariage de ma fille, j’avais fait un discours, avec une traduction simultanée en anglais. Devant la tête de l’assistance, j’ai du abréger. Tout cela se traduit par une diminution sensible de mon temps de parole, car j’ai le sentiment que personne ne me comprend.

Je prends des cours sur le diabète et dans la formation, il y a un cours pour s’exprimer. Je n’avais pas conscience de la difficulté d’être compris.

# Je suis timide de naissance et j’ai appris par mon métier, par des cours, des congrès, à m’exprimer. Je suis à l’aise lors d’entretiens individuels, je synthétise beaucoup pour pouvoir dire des choses compliquées avec des mots simples.

Lors de prises de parole en congrès, mon cœur bat la chamade lorsque je suis au micro. Et avec la panique j’ai du mal à parler. Je peux paraître tranchante sous le coup de l’émotion.

# J’ai toujours beaucoup de difficultés à prendre la parole devant une assemblée.

Il y avait dans une troupe de comédiens un amateur qui ne disait rien.

Et puis un jour, on lui demande de dire une réplique «  couçi couça »

Alors, il répète avec sa femme longuement. Le jour de la représentation, devant une salle pleine, il n’a pu faire que le geste correspondant à la réplique en question.

Certains écrivains ne savent pas s’exprimer en public : Modiano, Sagan, Houellebec. À la télévision, j’observe quelques fois de très bons écrivains qui deviennent nuls en passant à la télévision par manque d’éloquence.

Quel ravage ! Trouver les bons mots.

Je préfère l’écrit, je ne supporte pas les avocats, les hommes politiques.

J’apprécie les faiseurs de bons mots : Guitry, Voltaire, Allen

Un jour Maman m’a demandé ce qu’il y avait après la mort. Je ne savais pas quoi lui dire. Il faut savoir composer. Aux Pingouins, quand on est timide, il faut se faire violence. Le corps en dit plus que les paroles.

Il manque l’image dans les comptes-rendus.

# J’ai beaucoup de souci avec le choix des mots.

Je suis hyper timide. C’est pour moi un grand effort de parler en public.

Je parle facilement de mon métier. Je n’aime pas me mettre en avant, cela me demande un gros effort. Franchir le pas pour sonner à la porte est le plus difficile.

À la plongée, j’aime bien regarder les nouveaux arrivants, sans qu’ils sachent qui je suis, et puis les accueillir. Ce moment de communication à l’accueil est très important  pour moi. Quand je dois parler, l’émotion me fait perdre mes moyens et je ne sais plus m’exprimer avec des mots simples.

En juillet, chez les Gruson j’ai explosé car j’avais le sentiment de ne pas pouvoir dire ce que je voulais dire, j’avais l’impression de ne pas pouvoir m’exprimer.

Jusqu’à mes 2 années de préparation en véto, j’ai l’impression que tout allait bien. Et maintenant c’est différent.

# Les conflits de la vie en société sont pour la plupart des non ou mauvaises communications. Les écrits peuvent se retravailler, mais la parole fuse, elle est difficile à rattraper. Les nuances sont difficiles à traduire et le récepteur n’est pas parfait. Il filtre ce qu’il veut bien entendre. Le récepteur doit entendre la pensée de celui qui s’exprime et ce n’est pas facile.

Lors d’une conférence de Francette, je suis venu et suis resté caché.

La règle des Pingouins est une chance, malgré toutes les difficultés citées plus haut parce qu’il n’y a pas de monopolisation du temps par un gros parleur. À chaque fois que j’ai instauré cette règle dans un groupe, on en a ressenti le bénéfice.

# Problème de communication, oui bien sûr. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »  « Il faut faire tourner 7 fois ta langue dans la bouche avant de parler » me disait souvent mon père quand j’étais jeune. Tout ceci pour sans doute me montrer qu’il faut réfléchir avant de parler et apprendre à parler de l’essentiel

Dans la Bible on parle du souffle de Dieu, énergie porteuse de création.

La parole précède l’acte. C’est l’acte qui finalise la pensée.

Pensée-Parole-Acte. Elle peut être destructrice si on choisit mal ses mots et on peut exprimer le contraire de ce que l’on veut dire. Mais avec la parole il y a une voix, un timbre, une intonation, des gestes, un regard qui complète ou détruit le message que l’on veut transmettre.

Je suis timide, c’est vrai,  mais au fur et à mesure de ma vie, je le suis moins. Je suis moi aussi fasciné de voir que de grandes intelligences n’arrivent pas à s’exprimer simplement et de voir d’autres aussi, qui, quand elles parlent d’un sujet compliqué, trouvent les bons mots justes pour rendre clair le message.

Quand je parle d’un sujet qui me tient à cœur, je m’exprime avec passion sans rechercher nécessairement les mots justes. Ce qui rend la compréhension pas toujours facile.

 

# Quelqu’un a dit : Les paroles s’envolent, les écrits restent. Je me suis rendu compte que j’étais mal compris.  Quand je relis un compte-rendu Pingouins, mon témoignage écrit est aux antipodes de ce que j’ai dit.

J’ai une attitude particulière qui consiste à défendre un point de vue auquel je n’adhère pas. Mon fils qui est cartésien ne supporte pas ça.

Je m’entends bien avec les personnes âgées et elles me comprennent.

J’ai l’impression que je suis un inconnu chez moi.

# Prendre la parole, quelle aventure. Dans les études on ne travaillait pas l’oral. C’est un grand manque. Prendre la parole en public est une lutte. Pour la conférence «  Frères des hommes » je tremblais littéralement en parlant au micro.

J’ai du mal à prendre la parole dans une discussion où je ne trouve pas ma place. Je suis très factuelle, concrète. Pas du tout dans les concepts.

J’aime le mot juste. Pas le beau parleur qui parle pour parler, mais j’ai une admiration pour la dialectique.

J’apprécie quelqu’un qui exprime le vrai, un homme de parole. J’ai du mal à mentir, à arranger la vérité. Mais je me rends compte qu’on peut être brutal en parlant vrai. « Essayer de faire comprendre à l’autre ce que l’on a à dire. »

Pour moi c’est important

# J’ai un problème quand je n’ai pas envie de parler. En revanche, quand il s’agit d’une passion, pas de problème. J’ai du mal à parler de tout et de rien, avoir un dialogue mondain. J’ai envie d’aller tout de suite au fond des choses.

Au bureau, dernièrement j’ai eu une entrevue professionnelle. Visiblement la personne n’avait pas compris ce que je voulais lui dire. Mais point positif, le lendemain elle est revenue me voir pour me reposer des questions. Mon message n’est peut-être pas passé, mais mon attitude, mon regard, mes intonations de voix ont du la rassurer.

Faut-il dénaturer le message pour ne pas faire de la peine ? Dernièrement, je parlais de nos sorties bateau à un collègue allemand dont la femme est paralysée parce qu’elle a mangé des champignons. Je pense encore à ma maladresse.

# Je suis malade de timidité, je rougis, je tremble. Pendant l’animation de la messe, je me cramponne pour que ça ne se voie pas trop.

J’ai beaucoup aimé la délicatesse du Papa de mon amie - Léon : elle était enceinte de plusieurs mois. Elle n’avait rien dit à personne, hormis à son frère. Puis elle l’a dit à son fiancé et à sa mère qui a mal pris les choses.

Ils lui ont demandé de ne rien dire, voulant  l’annoncer eux-mêmes à Léon.

Mais la maman n’a pu se retenir : « Léon, elle attend un enfant » En une fraction de seconde, Léon a pensé à quelque chose qui ne blesse pas et a dit doucement : « tu le sens bouger au moins ».

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