PARIS

L’emploi du temps de chacun de nous

Paris. 14 décembre 2005

 

7 présents, 1 excusé

Quand on a demandé au philosophe autrichien (début du XXe siècle) Wittgenstein ce que les philosophes devraient se dire pour se saluer, il a répondu " Prenez votre temps ! »

Quel temps prenons-nous pour l’écoute, la famille, la prière (la vie intérieure ou la réflexion selon les convictions de chacun), les blessés de la vie etc… ?

Ceux qui le désirent peuvent lire la 2e épître de Pierre 3, 8-9 : « Il y a une chose en tout cas mes amis que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour ».

Cette réponse « prenez votre temps » m’a interpellé, étant donné son opposition au rapport actuel avec le temps qui est dans l’immédiat et dans l’instant. Il y a un temps pour se saluer, pour être attentif à l’autre, pour dire bonjour et ne plus être dans le paraître. Prendre son temps est une autre manière d’entrer en relation. C’est un apprentissage de la liberté. Je pense aussi à prendre du temps pour recevoir les joies et les détresses.

Il y a une semaine, j’ai déjeuné au musée avec une amie qui avait suivi avec moi l’école du Louvre ; nous avons eu plaisir d’échanger des nouvelles, en particulier sur nos familles respectives et les activités de nos maris retraités. Elle m’a quittée en début d’après-midi pour faire quelques courses avant de rentrer chez elle à Versailles. À son arrivée, elle a appris que son mari venait de mourir d’un infarctus dans la rue. Quel temps prendre pour accepter cette perte soudaine ?

Prendre du temps d’écoute en famille : beaucoup de patience à l’égard des enfants, en étant à la fois présente et en prenant de la distance ; en couple, le manque de temps conduit au clash. Je pense souvent à la parole de Madeleine Delbrel : « la passion des patiences ».

Je prends du temps pour prier et pour passer de l’avoir à l’être. Nous aimons aller au centre Sèvres à la messe qui prend son temps, animée par des jeunes.

Par ailleurs, je vous incite à aller voir l’exposition « La mélancolie ».

Quand je travaillais, j’organisais mon temps en fonction des contraintes liées au travail. Par exemple, je profitais du temps de transport en car, le matin et le soir, pour lire et prier ; en outre, il était impératif que les réunions puissent se terminer avant le départ du car, pour équilibrer le temps entre celui passé au travail et celui consacré à ma vie privée pour différentes activités (engagements, rencontres, lecture).

Maintenant je n’ai plus de contraintes de travail et j’ai pu passer beaucoup de temps à la réalisation de livres comme celui qui concerne la Mission de France. Compte tenu de mon âge, j’organise mon temps d’une autre manière, ressentant une fatigue et une envie de dormir. Depuis trois mois je n’ai plus de télévision et cela ne me gêne pas ; je prends du temps pour la lecture en retenant des thèmes tels que les problèmes sociaux  et les droits de l’homme. Par ailleurs je prends du temps pour la prière que j’ai redécouverte sur un lit d’hôpital, il y a dix ans. En outre chaque semaine, je célèbre l’Eucharistie chez Ida qui est une sainte femme.

Le temps passé avec ma famille (sœur et nièces) : je crois que je mise plus sur les amis que sur ma famille et je garde du temps pour l’amitié.

Je suis encore en période de travail et je trouve agréable d’avoir des horaires et des tâches à respecter. Toutefois j’ai moins de travail actuellement, ce qui me donne plus de liberté à l’égard du temps.

Je n’aime pas les gens qui disent qu’ils n’ont pas le temps et qui ont l’air toujours pressés, c’est pour moi un manque de courage. Prendre le temps de se saluer, d’écouter et d’être disponible change la relation avec les autres. Je prends aussi le temps de lire les journaux pour m’informer ; ce soir, j’ai lu les titres du journal Le Monde c’était désespérant : l’importance de la dette publique de la France, la mondialisation et ses fractures, …

Pour ce qui concerne la prière, j’essaie de ne pas manquer la messe du dimanche en relation avec la communauté paroissiale.

Le matin dans le métro, j’offre ma journée pour les gens que je croise. Avec l’âge, je deviens épicurienne en profitant et en prenant plaisir au présent. En effet, la précipitation enlève le goût de la vie.

Chaque jour pour aller vers et revenir de mon lieu de travail, j’ai plus de deux heures de transport ; c’est un temps que je prends pour me ressourcer en lisant, en méditant et en priant ; il m’arrive de lire des psaumes. Un autre moment où je prie est celui du réveil : j’écoute Radio Notre Dame avec un casque pour ne pas déranger M., avant de me lever.

Le temps passé avec la famille est un temps de disponibilité pour être là au cas où, pour s’enquérir de ce qui se passe, pour prendre le temps d’écouter et pour maintenir les liens.

Je donne des formations informatiques à des chômeurs qui sont des blessés de la vie. J’ai appris à prendre le temps d’écouter, en évitant le bavardage.

Rentabiliser le temps, est ce je l’utilise bien, suis-je utile ? Un jour quelqu’un m’a dit vous voulez trop rentabiliser votre vie. Il faut aussi prendre du temps pour se reposer et se détendre.

Je regrette de ne pas avoir le temps de faire des travaux manuels ; ils me manquent, car je pense que ces travaux nous mettent en contact avec une réalité concrète de l’homme.

Pour ce qui concerne mon travail, j’ai à la fois un temps très contraint et une grande liberté d’organiser mon temps. Comment je le vis ? J’ai toujours la porte ouverte en essayant d’être ouvert au dialogue. Dire, je n’ai pas le temps m’est insupportable.

Mon temps se partage en trois :

·       Un temps de transport : je lis beaucoup (journaux, romans) ;

·       Un temps de travail ;

·       Un temps à la maison en particulier les samedi et dimanche : temps de détente en famille.

Il y a aussi un temps pour la prière. Le dimanche, nous allons à la messe dans notre paroisse ; c’est une manière d’appartenir au peuple de Dieu et d’honorer les autres par notre présence. Pendant le travail, il m’arrive de prendre un temps de recul en lisant la Bible.

À la suite des événements dans les banlieues, je me suis aperçu de l’activité effrénée de la presse où tout se fait au dernier moment.

En outre, l’utilisation de l’outil Internet favorise la communication en permettant d’échanger et de débattre. Vraiment, on ne peut pas dire qu’on n’a pas le temps.

À la lecture du thème, j’ai pensé à deux expressions qu’on entend souvent aujourd’hui :

  • Ne pas avoir le temps.
  • Prendre du temps pour soi.

On dit toujours prendre du temps alors qu’il nous est donné. Qu’ai je fait de mon temps ? J’ai pris la décision de ne pas travailler pour donner du temps à ma famille et aux autres. Le temps est un bien qui se respecte et je cherche à bien l’utiliser. Je pense à ce qui est prioritaire et à présenter au Seigneur les différents moments de ma journée. Lorsqu’il m’arrive de prendre du temps pour échanger et écouter des personnes en difficulté, je me sens vivre.

Quelquefois quand G. me demande ce que j’ai fait de ma journée, j’ai du mal à répondre précisément, pour moi c’est la vie. Quand je fais le point, je partage davantage mon temps avec les autres et j’en prends moins pour moi. Toutefois je prends du temps pour me reposer, me détendre et prier.

Prendre du temps, c’est être présent à ce que je fais, en le faisant avec joie et amour.

Le temps fait partie de ma condition d’homme dans sa finitude. Il m’est donné et il m’échappe. C’est un bien précieux quand on a la liberté de le gérer au quotidien.

Je m’aperçois que j’ai eu et que j’ai encore du mal à prendre du temps et à en donner dans une relation de partage. J’ai manqué d’apprentissage et le travail a beaucoup absorbé mon temps. Aussi je ne regrette pas de m’être engagé dans une nouvelle étape de vie qui me permet de prendre du temps et d’en donner à la famille et à d’autres. Toutefois, j’ai du mal à me couper de l’intérêt du travail et je poursuis certaines activités, en particulier, au sein d’une association de génie parasismique. Dans le même temps, je me dis tu es fou, homme, prends du temps, vis en relation avec les autres. Il y a un évangile qui m’interpelle, celui où le Christ dit ce que vous avez fait au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous l’avez fait.

J’aime l’éveil du matin et l’accueil d’une nouvelle journée où tout est promesse ; à ce moment, je prends un petit temps de prière. Aussi, nous sommes fidèles à une messe pour les jeunes qui s’appelle « la messe qui prend son temps » ; elle le prend réellement et dure 1h30 le dimanche soir de 19h00 à 20h30 ; j’y goûte avec plaisir, alors qu’il y a quelques années je n’aurais pas imaginé aller à une telle messe le dimanche soir pour reprendre le boulot le lendemain. Il y a un temps pour méditer sur la parole et un temps pour écouter chacun par groupe de quatre ou cinq ; ce sont des temps de ressourcement.

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