Comment me suis-je accommodé de mes conditionnements,
comment ai-je fait pour gagner en liberté ?

Aix-en-Provence. 7 février 2004.

17 présents : 13 de l’équipe dont 2 nouveaux + 3 régionaux + notre coordinateur national.

  • Ce titre est une contradiction ! Le bouddhisme m’a appris que j’avais plusieurs vies pour me déconditionner : par l’ouverture au Divin, je peux choisir. Au début, j’étais jaloux par rapport à ma femme ; quand j’ai vraiment cru à l’amour, ça a cessé. J’avais le même problème que mon père ; ma solution a été de décider de vivre dans la joie.
  • Mon conditionnement, c’est de faire beaucoup de choses et les faire très vite. Quand j’ai eu des problèmes de santé, j’ai décidé d’arrêter de travailler : j’apprends à faire les choses calmement. Cela retentit sur le rythme de la famille : par exemple, un soir, en me voyant écrire à la main du courrier, mon dernier fils est venu à côté de moi… on a parlé …. On a laissé parler l’amour.
  • Notre enfance est le premier des conditionnements : on reçoit sans donner son accord. J’ai « choisi » l’armée… elle n’a pas été un conditionnement pour moi. Mais dans la vie civile, les médias limitent mon pouvoir de décision… Je me rebelle, ma liberté risque de m’échapper. La retraite ? j’ai gagné en liberté.
  • Avoir peur = conditionnement. Exemple : jeunes mariés, nous sommes partis en Polynésie : on nous prédisait la rupture ; à 40 ans, on n’a toujours pas de maison à nous, ça étonne. Je ne suis pas croyant, mais je n’ai pas peur de l’avenir (je me rappelle une messe où le prêtre rappelait que la foi permet de ne pas avoir peur);
  • La vie quotidienne (les accompagnements !!!) me dévore : et pourtant, j’ai choisi, même si je me sens si fatiguée !
  • A la retraite, seule chez moi, je me sens libre… de penser  à vous… J’ai gagné en liberté en apprenant à écouter mes enfants, sans toujours chercher à conseiller.
  • J’ai commencé à travailler à 14 ans, je me sentais libre, j’avais confiance. Un premier mariage malheureux m’a appris à me méfier des autres… Du coup, j’ai souvent du mal à aborder les autres. Quand mon fils était petit, j’avais peur qu’il n’ait pas de métier… Je suis vite angoissée… J’ai peur de ne pas maîtriser… Les autres ne se laissent pas gérer ! Comme je ne suis pas seule, je ne me sens pas libre, et pas très confiante en l’avenir : je suis en recherche.
  • Certains conditionnements sont imposés (la langue parlée, support de la pensée ; j’ai parlé d’abord le patois savoyard avant le français… quand je rentre dans mon Beaufortain, je change) ; d’autres sont choisis (j’ai rejeté le catholicisme de mon enfance, puis j’ai redécouvert le Christ grâce à Jean Volot… Je suis devenu plus libre, y compris vis-à-vis des Eglises). Si je choisis, je me sens libre, car j’ai accepté les contraintes (comme ce prêtre prisonnier des nazis : « Je suis libre de penser »). Récemment, j’ai imposé le départ de la maison à ma femme, mais c’est elle qui a choisi l’appartement : je me sens libre d’avoir accepté cette contrainte.
  • Ma fille commence ses études de médecine : « c’est parce que je n’ai jamais eu de mallette de docteur quand j’étais petite », a-t-elle dit à des amis. Péripéties… j’ai fini par en trouver une, on a joué au docteur… Quel était mon conditionnement pour n’avoir pas entendu son désir ? En tous cas, nous ne l’avons pas poussée dans cette voie, elle a choisi ; notre fils, lui, a rejeté ce que nous lui conseillions… Il a choisi sa voie.
  • J’ai découvert aussi l’histoire de la mallette non offerte à notre fille… mais je n’ai pas compris le « caca nerveux » de ma femme pour en trouver une ! J’ai dû naître avec le refus du conditionnement : petit, je disais toujours NON… C’est aussi une forme de conditionnement, que je ne comprends pas. Mon intolérance a fait souffrir ma femme… Depuis que j’y fais attention, je suis peut-être plus libre. Même si je me régale à deviner les manipulations des médias, j’essaye de critiquer plus positivement.
  • Je me sens aussi en plein paradoxe : conditionné depuis bébé par la gratification, je me retrouve souvent en conflit, alors que j’aspire à la paix. J’ai souvent l’impression de jouer une pièce où le scénario n’est pas respecté. Mon nom de famille en « chti » veut dire « grognon » ! Mon père devait être perçu ainsi par les amies de ma mère qui le fuyaient… Il est devenu si charmant à la retraite. Pour moi, c’est peut-être l’influence de ma femme, qui, elle, est optimiste !
  • Ma famille, très bourgeoise, pensait me laisser faire le métier que je voulais… En fait, le choix était restreint, surtout par l’autorité de mon père quand j’ai décidé d’arrêter mes études vétérinaires, aïe ! Quand j’étais moniteur de plongée aussi… Mais quel sentiment de liberté ! A 7 ans, j’ai fait la connaissance d’une famille où la qualité du cœur prédominait : révolution ! Ma vie matérielle actuelle n’est pas facile, mais j’ai réussi à échapper à certaines choses que je n’aime pas. Même si je suis du genre « râleur », je me raccroche à certaines valeurs.
  • Je mesure le poids de mes conditionnements, mais je n’en suis pas révoltée. La mode m’a fait porter des trucs horribles ! A la maison, j’ai réussi à instaurer le café au salon…. La sagesse est arrivée petit à petit : la liberté est une utopie. Grâce à mon mari, j’essaye de concilier Amour et Liberté, au quotidien : quand je fais les choses par amour, elles ne me pèsent plus. Dans ma vie, il y a eu une grande fracture : la mort de mon fils aîné : j’y ai puisé une force (l’amour est plus fort que la mort, mes enfants ne m’appartiennent pas, j’ai fait attention à ne pas m’oublier).
  • Je n’accepte pas qu’on décide pour moi : dans mon premier poste pour une multinationale américaine, il y a eu des licenciements… je n’en faisais pas partie… Climat de malaise… j’ai décidé  de partir… j’ai mis 3 ans à m’en remettre, mais j’ai gagné en liberté ; j’essaye toujours de positiver.
  • Je me suis très vite aperçue qu’il fallait me libérer de ma famille : en pension à 10 ans, quelle liberté ! Mes parents m’ont « reprise » à 14 ans, sans me demander mon avis… Dès que j’ai pu, je suis partie pour continuer mes études. Quand j’ai décidé de vivre avec celui qui deviendrait mon mari, j’ai posé un acte de liberté par rapport aux contraintes familiales... dont j’ai découvert plus tard que ma mère en souffrait. Femme, je me bats pour rester indépendante financièrement… et je conditionne ma fille ! Dans mon métier (psychiatre), après avoir pris conscience de mes conditionnements, maintenant j’aide (j’essaye) !)les gens victimes de leurs conditionnements à s’en libérer, et/ou  à choisir librement leurs contraintes. J’ai trois photos de graffiti dans mon cabinet : « aimer », « désoriente la vie » et « nulle vengeance envers le temps ».
  • Mes conditionnements viennent de mon enfance en pays basque des années 40 (catholicisme triomphant et janséniste, où les mots « plaisir, jouissance, plaisir du corps » étaient inconnus : je suis étonné d’être devenu ce que je suis). Né dans un bar de village, le familial et le professionnel étaient inbriqués : à 17 ans, j’ai découvert ce qu’était le cercle de famille réduit à la seule famille. Cette vie « éclatée » ne m’avait jamais pesé. J’ai fait des choix incroyables par rapport à mon enfance : j’ai découvert l’acceptation de l’autre dans sa différence. A la guerre d’Algérie, j’ai découvert d’autres conditionnements ; juste après (20 mois de service), j’étais perdu. Je prenais mon mal être, pour du refus de m’avouer que je faisais fausse route. Jusqu’au jour où j’ai compris que le choix pour moi n’était pas : prêtre ou pas prêtre, mais : des pantoufles et un fauteuil ou une vie engagée au service des autres. J’ai été prêtre, heureux, pendant 12 ans, puis j’ai rencontré une femme que j’aimais. Et le changement de vie s’est fait sans pour autant abandonner le choix de mes 20 ans.
  • De mes rencontres, j’ai appris à prendre les choses « au sérieux », pas « au tragique », et à dire des choses profondes avec des mots très ordinaires