LA DOULEUR

(Grenoble 8 octobre 2001)

 

La réunion a débuté par la visualisation de "L'esprit de face nord", vidéo (le jour du Seigneur) sur Bernard Turquet, prêtre accidenté.

Cette vidéo est très impressionnante. Bernard Turquet décrit la douleur qui l’envahit et prend toute la place. Cinq ans après, il peut encore difficilement en parler sans être ému. Je n’ai personnellement jamais souffert.

Dans sa souffrance, il se raccroche à ses souvenirs. Pendant sa convalescence, il cherche au fond de lui-même les ressources pour se reconstruire. De ce fait sa souffrance n’est pas complètement négative car elle le force à aller plus loin, plus profondément. Je constate aussi qu’on oublie plus facilement les souffrances physiques que morales. J’ai été éclairé par tout ce que j’ai vu étant malade. Je suis frappé par la dichotomie entre ceux qui soignent et ceux qui torturent.

J’ai aimé ce qu’il dit sur la nécessité de revoir notre foi chrétienne au sujet de la souffrance. Au labo, je suis questionné sur le sens et l’efficacité des religions. J’aime ce qu’il dit sur l’importance de l’instant présent. Cela me donne envie d’être plus présent dans mon immeuble plein d’étrangers.

Au Vietnam, pendant la guerre, j’ai eu l’impression d’avoir été abandonné par Dieu. Pendant les bombardements, la seule ressource était de prier et de chanter pour se donner du courage. Il faut aller trouver en soi une source de joie. Dans mon travail, je cherche comment être présente auprès de ceux qui souffrent.

Dieu représente maintenant pour moi la puissance de l’Amour.

J’ai aimé sa fidélité à remercier chaque matin.

C’est la force de l’action de grâce.

Il nous dit que dans la douleur, il n’y a de place pour rien d’autre.

La souffrance nous montre la non toute puissance de Dieu.

J’aime le Dieu du jeudi saint qui se met à genou devant l’homme.

Sa première réaction a son handicap est qu’il ne pourra plus faire de montagne. Sa foi et sa volonté l’ont aidé dans sa lutte. L’esprit de “face nord » est qu’il n’y a d’issue que par le haut. Sa foi l’a aidé ensuite. J’ai personnellement peu d’expérience de la douleur

Je n’ai qu’une expérience indirecte de la souffrance à travers les enfants malades dont je me suis occupé.  Il s’agissait d’enfants qui souffraient fortement dans leur corps et étaient condamnés.

Pour moi la souffrance n’a pas de sens en soi. Elle n’est pas rédemptrice par elle-même. Elle ne laisse survivre que ceux qui sont plus forts qu’elle. Dans un moment de déprime, j’ai entrevu la dépression comme un puits sans fond dans lequel on peut de perdre.

Je vois la douleur de la même façon.

J’ai souffert de crises de migraines mais toujours avec l’espoir d’un arrêt ou d’une rémission. Pour moi l’horreur est la souffrance sans fin et sans espoir.

J’aime son espoir dans l’avenir au-delà de la mort. Il sait qu’un amour plus grand nous attend. La souffrance nous donne l’occasion de revisiter notre foi, de la relire par rapport à notre propre vie.

J’ai lu récemment l’histoire du femme de 18 ans torturée pendant la 2eme guerre et mutilée a vie qui a accepte de revoir le médecin qui l’a mutilé. Dans ma culture, c’est l’effort qui donne son sens venu lui demander pardon avant de mourir.

Avoir un jour un handicap me fait peur. J’admire ceux qui arrivent à faire leur deuil. Je n’ai pas l’image d’un Dieu tout puissant.


-----------------