LE DIALOGUE : UN ART DE VIVRE ENSEMBLE

Comment chacun a-t-il le souci d’exercer le dialogue comme un art ?
Où cela le mène-t-il ?

(Paris 13 février 2002)

1° Je parle facilement à tout le monde. Ce n’est pas toujours reçu...

S’il y a tactique, cela peut entraîner un déséquilibre.

Deux couples amis qui divorcent : dialogue ?

Pour dialoguer, nécessité d’être en vérité avec soi-même, croire en l’autre, faire tomber ses masques, ses peurs.

Prendre du temps pour le repas, c’est important.

En Israël, d’une part dialogue de sourds, d’autre part des hommes et des femmes qui entretiennent un dialogue israélo-palestinien.

Le dialogue ouvre à l’audace.

Pour écouter, il faut se taire.

2° Qu’est-ce qu’on attend du dialogue. Pourquoi dialoguer ?

Parce que l’enjeu est un gain de la relation : mieux comprendre, mieux être compris, rapprochement, confiance, suppression de la peur de l’autre. Changement de moi, de l’autre, affiner la vérité, trouver un terrain d’entente...

Est-ce que je suis prête à jouer le jeu du dialogue ? Qu'est-ce que je suis prête à donner ? Qu'est-ce que j’attends en échange ? Est-ce que je suis prête à recevoir de l’autre ce qu’il désire me dire ?

Dans un dialogue en vérité, est-ce que je suis prête à prendre le risque de souffrir, et d’affronter mes peurs, parce que je n’aurai pas été comprise ? Parce que l’autre ne joue pas le jeu ? Parce que j’aurai livré quelque chose de moi pour rien ? Parce que je suis remise en question ? Parce que je dois changer ?

L’enjeu du dialogue est différent suivant de la proximité de la relation (famille), selon qu’on aborde des sujets plus ou moins sensibles (religieux, politiques, vérités qui nous font vivre...)

La rencontre en profondeur peut passer sans dialogue, à travers la vie (qualité des relations humaines dans le bidonville du Caire, expliquée par Sœur Emmanuelle).

3° L’autre a quelque chose d’essentiel à nous dire sur quelque chose qui nous fait vivre.

Dialogue inter religieux.

J’ai eu des dialogues avec des gens croyants ou incroyants.

Deux de mes meilleures amies incroyantes, qui parlent vrai, me forcent à dire à qui je crois sans vouloir les convaincre.

J’ai du mal à dialoguer avec beaucoup de personnes intégristes et traditionalistes (j’ai du mal à discerner comment elles  parlent vrai).

Dans ce genre d’équipes (Pingouins), chacun  parle vrai.

Le dialogue n’est pas facile au sein de la Mission de France (différences d’âge, notamment).

4° Le dialogue, c’est autre chose que deux monologues, le silence, l’écoute.

-            Léopold Sédar Senghor a dit que pour être, il fallait avoir des racines profondes, et pour s’épanouir, il fallait aller vers les autres.

-          Le patriarche Athénagoras disait qu’il était transparent et abandonné, et qu’il n’avait plus rien à perdre...

On a parfois peur d’être jugé, de perdre ses repères, peur des malentendus (les jeunes sont de plus en plus susceptibles, il y a souvent des malentendus avec eux). La foi peut aider.

Le Christ a eu du mal à dialoguer, avec Pilate, la Samaritaine, Marie...

L’écoute ne suffit pas.

Dans les groupes de Pingouins, y a t il « dialogue » ou seulement « écoute » ?

5° Dialogue avec le Bouddhisme, l’Hindouisme : qu’est-ce que ça veut dire : « entrer en dialogue avec... ». Souvent, le dogme ou la théorie complique ce dialogue. Arriver à une sorte d’expression religieuse...

Le dialogue, c’est mon métier. Souvent, c’est le non-dialogue, l’affrontement.

S’il n’y a pas les mots pour dire, on tape

On vit souvent dans les malentendus, les soupçons, et la peur de perdre son identité mène au clash.

Lorsqu’il y a des différents entre profs et élèves (presque prêts à s’entre-tuer...), je les mets face à face, je les fais s’expliquer et ils sortent calmés.

La tolérance n’est qu’une « demi vertu ». Ça peut s’apparenter à de l’indifférence.

6° Le dialogue est plus facile au niveau culturel qu’au niveau personnel :

On s’expose si on parle en vérité, au risque d’être mal compris, à ce que l’autre ne s’expose pas de la même manière... je peux donc être tentée d’éviter de m’exposer.

C’est avec les personnes avec qui je dialogue le mieux, que je travaille le mieux.

En famille, tendance à se protéger. Pas très facile d’exprimer ce qu’on vit par rapport à tel événement.

Peut-il y avoir un dialogue sans réconciliation permanente : la pente naturelle est de casser...

Exemple : demandes de pardon du Pape.

Avec les patients, je suis en état d’écoute, pas de dialogue.

Le dialogue est plus que l’écoute : on s’engage.

7° Le dialogue est différent avec quelqu’un avec qui l'on n’a pas de passé commun, de ce qu’il est et avec quelqu’un avec qui l'on a un passé commun.

Le dialogue entre groupes (religions) est différent du dialogue entre deux personnes : il faut trouver un média (parole, sourire...), qui permet d’échanger.

Notion de temps très importante.

Conditions du dialogue : confiance, volonté des deux parties. Si l’une des deux refuse, cela entraîne soit violence, soit coupure (dialogue de sourds, silence en forme d’attente, de refus, de violence), et nécessité d’un médiateur qui va rétablir la parole.

Le Christ ne pouvait pas être compris : trop grand décalage.


 


Participation écrite de R

Mystère Pascal : mourir pour ressusciter et grandir davantage.

Dans le dialogue, il faudrait exclure toute duplicité due à une complicité avec soi-même. On peut se laisser aller à une certaine duplicité parce qu’il peut être important, pour nous, de paraître ce qu’on voudrait ou aimerait être. Il peut être difficile de se départir complètement de cette image, de se départir de soi.

Comme référence absolue, je prendrais comme exemple le dialogue avec Dieu. Dans la vérité de Dieu, on voit à la fois ses torts, ce qui fausse le dialogue et la miséricorde de Dieu, ainsi que son infinie humilité.

Peu avant la rencontre de Dieu, j’ai fait l’expérience, ô combien décapante, du fait que je me suis rendu compte que les choses ne tournaient pas autour de moi. Je n’étais le centre de rien du tout. Mais, qu’avec tout le monde, je tournais autour d’un centre réel.

Arrivé à ce point de ma réflexion, je ne savais pas encore quel était ce centre autour duquel nous tournions tous. Tant que je ne le trouvais pas, j’essayais de me prendre comme référence, n’en ayant aucune, il fallait bien que je me base sur quelque chose. À chaque tentative, j’étais débouté et sérieusement secoué, et ce, de plus en plus, au fur et à mesure que le temps passait, et que je m’entêtais dans une voie qui n’indiquait pas la direction de ce centre véritable. J’ai cru réellement devenir fou, ou que la mort allait mettre fin à cette vie infernale dans ce funeste labyrinthe.

Je n’ai, du reste, pas trouvé le centre : c’est ce centre qui s’est présenté à moi. C’était bien ça, c’était bien Lui, Dieu.

Mais, comment aurais-je pu le deviner, je pensais qu’il n’existait pas, qu’il était le fruit de l’imagination de l’homme ; qu’il était utile, pour certains, de le mettre en avant dans le but de tromper les imbéciles qui se laisseraient avoir par ces fadaises, et ainsi, profitant de leur crédulité, leur proposer n’importe quoi à leur faire faire, les emmener n’importe où...

Alors, quand on se rend compte qu’il est tout à l’infini, qu’au-dessus de ce tout, il y a l’amour qui chapeaute ce tout, et que l’Amour, c’est Lui, Dieu, alors, comment ne pas se soumettre à cette référence suprême ? La vie vaut-elle d’être vécue, sans constamment le chercher ?

Il est tout, on n’est rien, mais malgré tout, infiniment grands et importants !!! L’ordinateur le plus sophistiqué, manipulé par un cerveau de génie, ne pourrait résoudre cette équation.

Je pense vraiment, que tous les êtres sont parfaitement connus de Dieu, sont une perfection réalisée par Dieu, et si j’exerce le dialogue du mieux possible, ça ne peut me conduire qu’à approfondir la vérité. Dans ce dialogue, aussi, il faut s’y entraîner à exercer la miséricorde, à l’image de Dieu, sinon cette vérité, qu’on recherche tant, va s’enfuir à mon avis.

En plus, une certaine sensibilité existe entre les hommes, souvent à leur insu, il faut éviter de la blesser, une tension ressentie entre nous peut également venir de là. Il faut également y exercer la miséricorde. Si l’on voit que quelqu’un a grand besoin de poser ses pieds sur un escabeau constitué d’un certain nombre d’iniquités, donc pas tout à fait conforme à la vérité, même du moment, il ne faut pas lui enlever son escabeau de dessous les pieds tout de suite. Attendons qu’il ait un peu plus de stabilité, et prions, ensemble, si c’est possible.

Plus que parler, c’est écouter qu’il faut savoir faire.

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