Quand un enfant

 

est dans le ventre de sa mère, il est bien, il ne connaît pas d'autre univers. Peut-être qu'il ne sait pas très bien pourquoi lui poussent des yeux, des bras, des jambes inutiles. Mais vient le jour où il est exclu de ce qui pour lui était le monde. Nous appelons cela une naissance mais pour lui c'est une mort et il hurle de détresse. Bientôt, pourtant, il se découvre toujours en vie et merveilleusement adapté au monde nouveau où il se trouve. Ses yeux, ses bras, ses jambes inutiles, il le comprend maintenant, le préparaient à sa vie nouvelle. Et de ses propres yeux, il regarde sa mère qui ne l'a jamais quitté mais dont il découvre maintenant seulement le visage. Ainsi est notre monde. Ainsi est notre vie.

L'univers est un grand ventre où nous nous sentons chez nous, mais nous sommes perplexes. Comme des jambes et des bras inutiles, traînent en nous des désirs de vie infinie, d'amour fou et de fraternité absolue. Puis viendra l'heure de notre mort. Nous hurlerons de peur mais Dieu appelle cela une naissance.

Et nous découvrirons alors que tout, absolument tout de notre vie humaine, nos amours, nos échecs et nos deuils, nos joies, notre souffrance, que tout cela nous aura merveilleusement préparés à cette vie nouvelle et que rien n'est perdu.

Et nous découvrirons le visage de Dieu comme un enfant découvre celui de sa mère, qui ne l'a jamais quitté.

 

n Christiane MALLARME