Le Zhong Yong est un texte classique attribué à Zi Si, au 3ème siècle avant notre ère, l’un des premiers héritiers de la pensée confucéenne. Traduction de François Jullien.

Devenir humain, en Chine...

« Il y a un chemin pour advenir à une authenticité de son humanité, avec une vérité telle que cela contribue à ce que d’autres avancent sur ce chemin.
Sans être clairvoyant sur le bien, on ne peut atteindre une telle humanité authentique. Cette authenticité dont la vérité suscite une transformation du monde et des êtres, c’est le fait même du ciel.
Etre à la tâche pour advenir soi même, et faire advenir à une telle authenticité, c’est la voie de l’homme.
Sans effort, sans labeur, l’authenticité existe, elle est déjà au Centre. Et c’est le propre de l’homme de sagesse de l’obtenir sans même avoir à y penser, de suivre sans peine la voie de ce Centre.
Les autres hommes doivent se mettre à l’œuvre pour qu’adviennent l’authenticité et la vérité de leurs existences.
Pour cela ils feront le choix du bien et s’y tiendront, avec un attachement solide.
Ils développeront leur savoir,
Il seront des questionneurs exigeants,
Ils seront les hommes d’une pensée attentive,
Ils s’exerceront à un discernement clair,
Ils s’attacheront à mettre en pratique dans leur vie le choix qu’ils font du bien.

Tant qu’il existe quelque chose qu’ils n’ont pas étudié,
ou que l’ayant étudié, ils ne le maîtrisent pas,
ils ne devront pas abandonner.

Tant qu’il existe quelque chose sur lequel ils ne se sont pas interrogés,
ou que s’étant interrogés, ils ne sont pas parvenus à en connaître la réalité,
ils n’abandonneront pas.

Tant qu’il existe quelque chose auquel ils n’ont pas réfléchi,
ou qu’ayant réfléchi ils ne le saisissent pas,
ils n’abandonneront pas.

Tant qu’il existe quelque chose qu’ils ne discernent pas,
ou que l’ayant discerné, ils ne le voient pas encore clairement,
ils n’abandonneront pas.

Tant qu’il y a quelque chose qui appartient au Bien et qu’ils ne le mettent pas en pratique,
ou que l’ayant mis en pratique, ils ne s’y attachent pas avec ténacité,
ils ne devront pas abandonner.

Ce que les uns peuvent mener à bien en un seul élan,
un autre s’y élancera cent fois.
L’un y parvient en dix coups, l’autre en mille !

En fait, celui qui s’engage sur cette voie,
bien que pauvre d’esprit, connaîtra sûrement la lumière,
bien que faible, deviendra certainement fort. »