VIVRE ENSEMBLE

Tournay, 29 et 30 mars 2008

20 présents

Moi – l'Autre – les autres - le Tout Autre. Vivre avec soi-même, vivre ensemble. Ce qui est vivant se reproduit. Il faut vivre avec son environnement, échanger avec l'extérieur, nous sommes "condamnés à vivre ensemble. Trouver le moyen de vivre avec le Tout Autre.

On vit avec l'autre ou avec les autres. On a chacun un mode d'emploi. Avoir la volonté de comprendre l'autre, accepter sa différence. L'acquis vient de l'autre à travers le langage, la culture, l'éducation. Il faut laisser de la place à l'autre.

Il y a un "je" et un "tu"… Je sais qui je suis par ce que les autres ont perçu de moi et me renvoient. J'ai besoin pour exister du regard de l'autre et la relation devient un "nous".

C'est en regardant l'autre avec de l'amour que je peux entrer en relation.

On peut avancer et vivre ensemble, chacun découvre qui il est et Dieu est au cœur de cette relation.

Notre expérience d'accueil, en totale liberté, un pari de vivre ensemble pendant deux semaines, un pari des deux côtés. On fixe les règles du jeu : on prend la décision de vivre ensemble dans le respect de ce que je suis et je t'accueille, toi qui as ton existence propre.

Le « Tout Autre », il est partout.

Pour moi, vivre ensemble m'a toujours été un peu difficile même si tout seul je ne suis qu'une moitié.

Nous allons fêter nos 30 ans de vie commune et c'est quand même une réussite. Cela nous fait mal quand un couple d'amis se sépare, c'est une souffrance pour les enfants et l'entourage.

Les différences créent des luttes, des bagarres alors que ce sont ces différences qui apportent une vraie richesse. Le plus important c'est d'accepter les autres, essayer de se connaître le mieux possible.

Pour moi, chaque "je" fait partie de "ensemble". Dans vivre ensemble il y a "chacun", "côte à côte" et "avec". Pour arriver à une bonne harmonie, chacun doit rogner un peu son individualité. C'est un combat de chaque jour. Construire petit à petit avec les autres.

On fait partie d'un tout, dans l'univers, sur notre planète. Ce qui me pose question, c'est le mieux vivre entre générations. Des jeunes qui n'ont pas la chance d'avoir dans leur entourage des personnes plus âgées se retrouvent sur la touche.

J'ai été interpellée par un article qui disait "Nous vieillirons bien ensemble"…Après 30 ans de vie commune, cela me paraît un bon programme pour les années à venir. Aujourd'hui il y a 60 000 centenaires en France

Il y a une explosion démographique, nous allons vers les 13 ou 16 milliards d'individus sur la planète.

Vivre ensemble n'est réalisable que si nous respectons la biosphère, toutes les petites bêtes, les végétaux, sinon ce sera totalement invivable.

On ne peut empêcher les accidents de la vie. Il n'y a pas que les problèmes techniques à résoudre chaque jour au travail. Il faut aussi manager les autres, réparer leurs bobos, c'est difficile car on fait plus de relationnel que du technique.

J'aimerais qu'il y ait des recettes et des théories, un mode d'emploi…compréhensible par tout le monde… Et moi j'ai l'impression de ne rien comprendre aux comportements des gens… Chaque jour avec les adolescents, il faut trouver les mots justes sans faire de dégâts. J'aimerais leur faire découvrir des choses qui, pour moi, sont essentielles. C'est passionnant et en même temps c'est un travail de funambule.

Un mode d'emploi… si seulement on pouvait avoir l'oreille assez fine, le regard assez clair pour saisir la petite musique de l'autre et être au même diapason.

J'ai à l'esprit une phrase qui dit dans "Les ailes du désir" :La Vie est une tornade de merde dans laquelle l'Art est notre seul parapluie.

Je suis A avec un groupe A, B avec un groupe B, C avec un groupe C… tout en gardant ou essayant de garder une certaine cohérence avec ce que je suis à la base.

Il y a des groupes avec lesquels je ne peux pas être vrai. Je vis "à côté"… Je pense de plus en plus qu'il est utopique de croire que l'on peut vivre ensemble, avec tous.

Je constate que ce qui ressort des témoignages c'est la difficulté de vivre ensemble. Nous sommes des individus amenés à vivre avec les autres.

On a l'élan d'aller vers l'autre, mais c'est difficile parce qu'on est dans des carcans sociaux, d'éducation. Il me semble qu’accueillir tout simplement l'autre c'est accepter sa différence… On a des a priori, on fait des projections et du coup on a du mal à rencontrer l'autre car on a peur de l'inconnu, on voudrait qu'il soit comme on le voudrait.

Pour moi, le « Tout Autre » est au cœur de chaque individu, du groupe humain.

L'homme n'est pas fait pour vivre seul. En famille nous sommes 7 frères et sœurs… partager un fruit… la chambre…un jouet… c'est difficile, et on apprend à être tolérant. C'est difficile de prendre les gens comme ils sont et non pas comme je voudrais qu'ils soient. Accepter qu'il y ait des choses "pas normales". Dieu, il est comme il est.

Être soi-même… Pour qu'un groupe marche, accepter les autres, il faut mettre une sourdine à ce qu'on est. La principale difficulté c'est d'être soi-même sans choquer les autres. Pour moi, pour rencontrer les autres il faut commencer par être soi-même et en accord avec soi-même.

Après un vivre ensemble intense il a fallu pour rester soi-même prendre des distances avec les frères avec qui on avait vécu pendant 14 ans.

C'est grâce à l'APMA qu'on a pu de nouveau être heureux dans un groupe.

Partager ce que j'ai reçu… chacun a quelque chose de beau …voir le reflet de Dieu.

Nous avons retrouvé un élan, une sérénité paisible mais pas complète.

Pour avoir vécu cette séparation (la mort de mon mari) nous avons pu, avec mes enfants, vivre intensément ses derniers moments. Alors je continue de privilégier le moment présent avec chacun comme si c'était le dernier, quelque chose de précieux qui ne reviendra pas… je dois le réussir … d'abord écouter les autres, écouter les différences, laisser le temps à l'autre de dire. Le futur découle du présent. Si on laisse un pont possible pour continuer le chemin, on doit pouvoir se retrouver et continuer à être en relation.

Je ne vais pas faire de théorie là-dessus. Pendant longtemps on a eu à la maison ma fille, son mari et leurs enfants en attendant la fin de la construction de leur maison. Puis on a eu ma belle fille, de culture différente.

Pouvoir vivre ensemble ce n'est jamais acquis… il n’y a pas de solution. On ne peut pas vivre ensemble avec n'importe qui. Les compromis, ce n'est pas toujours faisable…ça nous met d'abord en cause.

Je travaille encore, dans l'insertion des personnes adultes. J'ai vraiment appris à vivre ensemble. Chaque personne, chaque cas est particulier, différent de l'autre.

L'écoute, c'est long, ça prend du temps, il faut se vider de soi pour faire la place à l'inimaginable histoire de l'autre.

Dans la famille, c'est plus difficile car il y a l'affectif en plus. Mais avec le temps on arrive à une acceptation.

Le vivre ensemble pour moi c'est au jour le jour, ça se bâtit peu à peu.

 

37 ans de vie communautaire. On s'engage toute une vie dans la même communauté. C'est une durée qui implique une connaissance et en même temps une usure.

Actuellement des journalistes préparent une émission sur "Bien vieillir ensemble dans une communauté monastique" (de 37 à 87 ans)

C'est source d'une très grande richesse : le projet est de construire une communauté à partir des valeurs de l'Évangile. Il y a beaucoup de services à rendre, cela humanise.

C'est aussi source de grande souffrance face aux divisions, incompréhensions, incommunicabilité qui durent. C'est une interrogation que l'on peut se poser.

C'est un handicap dû à la société. Affirmation du "je" contre le "moi" communautaire.

Doute sur les valeurs universelles (Jean-Claude Guillebaut et Hubert Védrine) "Comment l'accident impose ses valeurs au reste du monde".

La règle de St Benoît est-elle encore applicable aujourd'hui en Afrique, en Amérique du Sud ?

Vivre ensemble repose sur des tensions non contradictoires mais complémentaires. Entre la liberté de chacun et la cohésion du groupe. Comment accueillir la différence mais surtout, comment la mettre en valeur.

Décalage qui demande de se réajuster en permanence. Vivre ensemble est une histoire.

La fusion est très dangereuse, c'est une porte ouverte à la dictature.

Cela suppose de prendre en compte le facteur temps. C'est coûteux car on y laisse des plumes. Il est nécessaire d’accepter une part de déception, d'insatisfaction. La communauté ne règle pas nos problèmes personnels.

Importance d'une parole qui circule : sortir de soi-même, accepter d'être mis en cause, accepter le conflit, assumer une part de solitude. Attention à l'isolement, cela peut devenir un conflit.

Vivre ensemble c'est toujours à faire, c'est un chantier ouvert, passionnant mais fatigant… rassembler des gens qui ont tendance à se disperser. Jusqu'où aller dans l'accueil de l'autre tout en respectant l'existence communautaire. Dans l'accueil de l'étranger, des difficultés de compréhension se posent de par les différences culturelles.

Il faut avoir la capacité de pardonner sinon c'est invivable.

Le vivre ensemble communautaire nous amène à l'abandon de soi.

Les communautés monastiques devraient être un laboratoire pour le vivre ensemble dans les familles et dans le monde aujourd'hui.

 

Notre groupe est très lié au point que certaines de nos réunions mensuelles se transforment en soirées amicales. La formule de l'APMA permet d'accueillir tout nouveau participant très facilement, grâce à la qualité d'écoute, la liberté de parole.

La qualité de rencontre, c'est accepter la différence de l'autre, l'accueillir tel qu'il est.

J'ai été agréablement surpris de voir notre fille s'inscrire dans notre groupe dans lequel elle s'exprime très librement. Nous la découvrons sous un autre aspect.

Il y a aussi vivre ensemble dans la proximité du village. Notre quartier, depuis l'éloignement des différents enfants qui sont maintenant adultes est devenu un quartier de "vieux". Cela change la qualité du relationnel. Il faut penser à inviter les voisins, prendre du temps avec eux.

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