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QU’EST-CE QUE M’APPORTE (OU M’A APPORTÉ) LE TRAVAIL ?

Aix-en-Provence, 12 mai 2014

 

11 présents

 

Le travail m’a éloigné de l’ennui, du vice et du besoin. Je n’ai jamais regardé l’heure au travail ; j’ai évité le tabac et l’alcool. J’ai eu des idées coquines, mais seulement en dehors du travail ; et bien que je ne sois pas propriétaire, ma retraite suffit à couvrir mes besoins. Alors vive le travail qui permet en plus joie et épanouissement. Le travail est capital pour réussir sa vie, et je plains les gens qui n’aiment pas leur travail.

 

Le travail m’a apporté 3 choses :

- De l’argent pour vivre, élever mes enfants et me payer mes loisirs.

- Une formation à l’action en groupe et aux rapports sociaux qui me manquait quand j’étais jeune ; je sens à l’aube de ma retraite que la régression n’est pas impossible.

- Une raison d’agir, en travaillant pour l’industrie de mon pays, luttant contre la concurrence étrangère et en proposant des voies de développement technologiques. Malheureusement ça n’a pas engrené vite et j’en ai tiré une frustration que je cherche maintenant à combler en essayant d’exploiter autrement mes compétences et motivations.

 

Le travail donne l’autonomie, la libération par rapport à la dépendance. J’ai retrouvé dans les archives une lettre à mes grands parents où je manifestais le besoin de ne plus être une charge financière pour eux. Un besoin de reconnaissance m’a poussée à grimper dans l’échelle sociale et j’ai gagné l’argent que je voulais pour satisfaire mes goûts de luxe, puis j’ai changé et il m’est venu le goût de la culture du relationnel. Au crépuscule de ma carrière, je me questionne, mais je n’ai pas encore trouvé le moyen de cultiver le relationnel et d’entretenir mon cerveau : coaching, psycho,... ?

 

Le travail sert à la construction de l’être : apprendre à tenir ses engagements, être rigoureux, prudent et vigilant, à affronter les difficultés et les personnalités, à prendre de l’assurance. Il sert aussi à rester sur les rails quand on a un problème important affectif ou de santé et à éviter de trop pleurer sur son sort.

 

J’ai voulu tôt travailler pour être autonome. Je n’ai donc pas fait de longues études, et n’ai pas eu besoin d’avoir plus d’argent. Mon travail d’institutrice a été beaucoup plus évolutif que ce qu’on peut penser (formateur, écoles de quartiers difficiles, prisons). Mon travail a permis mon développement personnel par confrontation à des cultures différentes. C’est très agréable de pouvoir apporter des solutions à des gens en attente. J’ai beaucoup de chance d’être dans ce métier que j’ai choisi parce que l’École Normale était à côté de la maison. Je suis atterrée par la manière dont les jeunes débutent, mais je suis heureuse de voir que ma fille a choisi une voie qui lui convient.

 

J’ai commencé par la sténo ; ça ne me plaisait pas et j’en ai fait une dépression. Je voulais le contact avec les malades. Alors je me suis payée mon diplôme d’infirmière et je me suis épanouie dans le contact avec eux. Bien que j’aie peu d’argent, je n’ai pas de problème de manque. J’aime mon groupe d’amis, car c’est l’apport des autres qui me nourrit. Je serais prête à repasser des diplômes, mais uniquement pour des choses qui me plaisent.

 

J’ai travaillé sur le tard (42 ans) et n’ai jamais eu de plan de carrière. Passée directement du papa au mari, je n’ai pas eu besoin d’indépendance financière. Je n’ai jamais connu l’ennui ; j’ai beaucoup travaillé à titre bénévole et y ai trouvé plaisir. À mon arrivée à Aix je me suis engagée en catéchèse comme salariée contre mon gré, mais j’ai pris beaucoup de plaisir dans mes activités. Bien que le salariat n’ai pas été ma motivation je trouve que c’est quand même une reconnaissance sociale utile. Je n’étais pas très argentée, mais j’avais mon budget propre et j’ai découvert des choses en moi que j’ignorais.

 

J’ai toujours travaillé dans des activités qui m’ont passionné, et j’ai difficulté à dire si c’était du travail ou du plaisir. J’ai eu beaucoup de chance à être dans des domaines passionnants, à pouvoir construire des choses, ce qui m’a donné grande satisfaction. L’expatriation a été une chance d’ouverture sur d’autres cultures et d’autres vérités et financièrement intéressantes. Mais actuellement je suis « en panne » parce que je ne comprends pas où veut aller ma société et il me manque un élément pour « ré-engrener ». Le travail m’a laissé peu de place pour ma famille et d’autres activités. Il va y avoir une évolution par la retraite.

 

Je me suis mise au travail par besoin de faire des choses plus que pour l’indépendance financière. Mon père avait monté une petite boutique pour que la fratrie exerce un travail pendant les études. En France j’ai galéré comme étrangère, mais je me suis accrochée par esprit de revanche. J’ai obtenu un poste de fonctionnaire grâce à l’anonymat du concours. Mon employeur (France Telecom) est une société dynamique où j’ai fait toutes sortes d’activités, aucune d’elles n’ayant été apprise durant les études. En expatriation, j’ai eu beaucoup d’activités, mais sans salaire. Au retour, j’ai vu que le climat de l’entreprise s’était durci, mais je sais que même en conditions difficiles on peut positiver les choses si on est dans un état d’esprit positif.

 

Je n’ai jamais eu de questionnement par rapport au travail. Au départ ma motivation était de rapporter de l’argent. Je ne me suis jamais ennuyé même pendant les périodes de chômage. Au contraire après reprise d’emploi, j’ai trouvé qu’il me manquait du temps. Le travail m’a toujours intéressé, mais jamais passionné. J’ai toujours gardé de la distance, ce qui est bénéfique, car je me suis récemment retrouvé sans visibilité sur mon avenir. Le travail d’équipe a toujours beaucoup compté pour moi, à la recherche de la conciliation entre l’objectif de performance et celui du bien-être des collaborateurs.

 

Travailler c’est agir, c’est plus vaste qu’une profession. Mon « occupation » m’a apporté :

- la nourriture (au début on la fabriquait ensuite on l’a achetée avec l’argent gagné),

- la vie en communauté : l’équipe, la collaboration, la compétition, les défis, l’implication des familles des collaborateurs, et j’ai toujours plaisir à retrouver ceux que j’ai managés,

- les voyages, nombreux et variés.

Travailler c’est vivre, et j’apprécie les loisirs quand il n’y a plus rien à faire. Ne plus pouvoir travailler à cause de la vieillesse c’est ne plus vivre.

(Témoignage préparé auparavant par un pingouin absent)

 

J’ai toujours eu du mal avec le mot « travail » qui a toujours eu pour moi une connotation négative, synonyme de pénibilité, de corvée indispensable à la survie, de pensum… J’ai conscience que mon jugement est erroné, mais je suis encore à être étonné quand j’entends certains dire qu’ils « s’éclatent » et s’épanouissent au travail.

 

Le travail n’a été pour moi qu’un moyen de gagner quelques sous, un outil malheureusement indispensable pour pouvoir manger, s’habiller et payer ses factures, mais sans plus. C’est typiquement le cas avec mon travail annexe d’informatique qui me permet de passer l’hiver. Mais je ne m’épanouis pas dans la recherche de panne ou bug. Ça m’angoisse et m’occupe jour et nuit parce que je ne sais pas m’arrêter avant d’avoir obtenu le résultat vis-à-vis de mon client. Même après 12 ans j’ai toujours la même appréhension. Le seul avantage que j’y vois, c’est que ça me rapporte un peu d’argent.

 

La plongée, ce n’est pas du « travail », mais du plaisir, la joie de rencontrer les autres, de leur apprendre à utiliser le scaphandre afin qu’ils découvrent un monde merveilleux. C’est aussi d’avoir la chance de passer ma vie sur et dans la mer et de vivre en homme libre malgré la fatigue et le mauvais temps souvent présents. Il fut un temps où je payais pour plonger, et j’ai fait en sorte que ma vie soit des vacances.

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