GRENOBLE

 

LA LIMITE

Monestier du Percy, 17 octobre 2014

 

12 participants

 

« Tout est-il permis ? Transgresser, Franchir les limites ? Pourquoi et comment j’engage ma responsabilité face aux enjeux du monde actuel ? »

Un échange est proposé pour déterminer les axes sur ce thème des prochaines rencontres. Il en ressort les différents axes suivants :

- Le temps comme limite : fin de vie, euthanasie, limite liée au temps.

- Mes propres limites : les découvrir, les accepter, essayer de les dépasser, transformer les limites en atouts.

- Limites que je m’impose : les barrières que je m’impose, la limite comme ligne de contour de mon existence propre, protection contre les agressions diverses.

- Limites dans la vie sociale et/ou comme système d’autorité : la loi, la morale, les autres, moi-même, l’éducation, les tabous.

- Limites dans la parole : pour soi-même, pour l’autre.

- Limites dans la pensée : idéologie, religions, sciences et développement, manichéisme.

- Franchir les limites, pourquoi ? Jusqu’où ? : L’enfermement dans un système, la transgression, les risques, la découverte.

- Limite de la création : création inachevée, limite de la vie ?

- Limites et engagements : limite et liberté, limite de l’écoute et de l’accompagnement, limite de l’accueil.

- L’espace comme limite : les frontières.

 

 

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MES PROPRES LIMITES, LES DÉCOUVRIR, LES ACCEPTER,

ESSAYER DE LES DÉPASSER, TRANSFORMER LES LIMITES EN ATOUTS

Grenoble, 4 novembre 2014

 

10 participants


Je suis à un moment où physiquement blessé je dois revoir mes limites, et en même temps je dois essayer d’avancer. Comme en montagne, avancer en évaluant les risques, et quand on réalise qu’on est au-delà de ses limites, accepter les risques ou renoncer. On ne fait pas n’importe quoi, n’importe comment, on ne doit pas dépasser ses limites et puis ensuite appeler les secours. Dans le monde du travail l’évaluation des risques est capitale, il faut réfléchir à ses possibilités, et essayer de faire reculer ses limites. Je dois continuer à m’occuper de ma petite entreprise, avec mon fils. Ce travail, en commun avec lui est très intéressant, et je suis très heureux de ces temps de coopération où on progresse et s’aide réciproquement.

 

Je prends l’exemple récent du bateau. On s’est rendu compte que c’est sans doute la dernière fois qu’on irait ainsi en bateau. Car c’est très, trop, physique. Je suis contente car ça s’est bien passé, mais… En montagne aussi, et j’apprécie presque de rester en deçà.

 

L’important est que les autres acceptent nos limites. Par rapport aux demandes, aux besoins de notre fille, mon mari, avec l’âge ne peut plus répondre à toutes les sollicitations. Il faut que nos enfants acceptent l’âge avancé des parents. L’autre fille, avec une grossesse difficile doit expliquer à sa propre fille qu’elle est enceinte, ne peut la porter et faire des choses comme auparavant… etc.

 

Ma limite : mon infarctus. Dû sans doute au discours de Grenoble (de NS) et à la séparation de notre fils. Mes limites physiques révélées par les séances de kiné, et dépassées. Je soulève à présent 70 kg alors que je ne pouvais soulever mon propre poids au début, tout ça grâce aux séances de kiné. Et aussi la « vieillerie » du dos que je soigne avec de la gym chaque jour. Et j’en suis fier, pour être à la hauteur pour mes petits-enfants.

 

Actuellement on vit beaucoup dans nos limites qui nous sont imposées par le sort. Quand j’avais moins d’ans, je réagissais bien, je pouvais physiquement assumer. Mais à présent je peux beaucoup moins. Ce gros pépin, l’accident de mon mari, qui nous est arrivé, est en fait un atout pour notre couple. Transformer ces limites en bonheur d’être ensemble, même si c’est lourd. On a décidé de rester chez nous plutôt que déménager, et donc saisi cette occasion pour faire des travaux. On a trouvé un atout dans ces limites.

 

Vous avez eu mon petit mot il y a quelques semaines sur ma maladie. C’est la deuxième fois que j’ai ce type d’accident. J’ai eu beaucoup plus jeune un accident tel que je ne devais plus remarcher. Mais en fait j’ai réussi à récupérer, la marche, puis le ski et la randonnée. J’ai réussi à dépasser mes limites. Après mes opérations plus récemment, j’avais autre chose que les seules conséquences de l’opération. J’ai consulté plusieurs médecins et neurologues, qui ont finalement diagnostiqué une maladie neurologique. Maintenant traité (mais non guéri), je vois mes limites, mais je progresse (marche plus longue, 4 km, et espoir de reprendre le ski de fond…). Ça va un peu mieux. Mais c’est moins pire d’avoir ce genre de pépin quand on est âgé qu’à 22 ans.

 

J’accepte assez facilement mes limites, j’essaie, je m’efforce de les dépasser

Vous avez tous vu en Corse mes limites avec l’eau, mon appréhension. Jeune, c’était une limite, adulte parent j’ai décidé d’apprendre à nager, et grâce à un professeur, à son accompagnement, j’ai réussi à dépasser mes limites sans risque. L’accompagnement est important. Dans le travail sur un projet, non guidé, où j’ai eu des difficultés, en butée de connaissance, j’ai dû réagir. Pour aller au-delà et dépasser ces limitations, j’ai eu l’aide et l’accompagnement décisif de collègues.

 

Je ne connais pas encore les limites du vieillissement, je ne m’en soucie pas trop. Dans ma vie professionnelle j’ai respecté le principe de Peter et essayé de ne pas dépasser mon niveau d’incompétence. C’est plutôt par rapport à mes convictions profondes. Mais dans la musique j’essaie en permanence de me dépasser. Dans mon goût de lancer des actions téméraires, je ne vois pas trop au début le risque d’échouer. Et quand ça ne marche pas, c’est grâce aux autres que j’avance. Pour faire l’effort de dépasser ses limites, il faut le goût, la motivation intérieure.

 

Mes limites physiques ne me pèsent pas. Je peux encore faire tout ce que j’aime : courir, marcher, nager, skier. Mes limites intellectuelles sont plus difficiles à accepter. Je dois apprendre l’espagnol et l’anglais, depuis plusieurs années, pour pouvoir parler avec mon petit-fils et ma belle-fille. Et je ne le fais pas car c’est un gros effort. J’ai toujours un livre en anglais sur ma table de nuit qui passe après les romans que je lis avec régal. L’informatique : là aussi, j’ai une multitude de choses à apprendre et je résiste. Trop de temps à passer, je devine que ce serait utile, mais j’arrive à m’en passer, je reporte, je reporte à quand j’aurai plus de temps, mais est-ce que je m’y mettrai vraiment ? Et ma limite de patience : je peux être très calme, mais aussi impatiente et impulsive. L’écriture : je déteste écrire, chercher mes mots et je ne réponds aux mails qu’avec un temps de retard. Transformer les limites en atout ? Je ne vois pas !

 

Bien sûr les capacités physiques déclinent, mais j’ai la chance de ne pas trop en être affecté et de m’y faire. Je ressens plutôt mes limites sur le plan du caractère. Le défaut de faire souvent plus attention aux faits et aux choses qu’aux personnes, de manquer de patience. Ne pas accorder la bonne priorité aux personnes, ne pas être assez patient. J’essaie de corriger, mais c’est dur. J’ai bien aimé la remarque de l’importance d’être accompagné pour dépasser ses limites. C’est très vrai, et je devrais y avoir recours, mais il y faut de la modestie, dépasser son orgueil. C’est encore un effort qui demande de se dépasser. On n’en finit pas !