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CENTRE

 

L’ÉTRANGER ET MOI

Melle, 16 avril 2016

 

4 présents

 

 

Notre rencontre démarre par le visionnage dans le salon familial de l’émission de France 2 consacrée à l’Aquarius, bateau de SOS Méditerranée, recueillant des migrants africains fuyant la Lybie sur de frêles bateaux gonflables. La Mission de la Mer Marseille avait assuré l’escale du bateau. Nous évoquons le monde maritime et le prochain programme de la PQV au cours duquel Roland Doriol nous présentera le livre qu’il a coécrit avec Arnaud de Boissieu Marins, lettres de mer & paroles de terre.

Je m’interroge sur la compréhension de la culture de l’autre et le témoignage de l’expérience d’une porte ouverte dans une mosquée. Je m’aperçois des efforts de réflexion qu’il faut entreprendre pour que des gens de culture différentes puissent être en mesure de se rencontrer. Pour ce faire, j’étudie l’enseignement bouddhiste, chrétien et de l’islam sur l’accueil. Qu’est-ce que je fais réellement pour rencontrer l’autre ? Des initiatives comme celles d’Emmaüs, cent pour un ou de l’association Servas me permettent un accueil par le cœur et pas seulement par la tête.

 

Notre échange se poursuit par l’écoute de la chanson de Jean Ferrat (sur une texte d’Aragon) : J’arrive où je suis étranger…

Nous sommes tous l’étranger de quelqu’un. Le mariage est aussi la rencontre de deux êtres différents qui décident de ne pas être étrangers l’un à l’autre. Étrangers en arrivant en Picardie, en arrivant à Melle.

Être patron d’une boîte, c’est trouver des étrangers autour de soi : même nationalité, mais pas le même registre de préoccupations.

Quand je voyageais à l’étranger, je ne me sentais pas étranger sauf un peu perdu, une fois, dans les rues de Bombay, happé par un flux continu de personnes occupées à leur travail.

On peut se poser la question d’un système de castes socio-économiques, comme le système des castes en Inde : les acheteurs, les patrons, le corps administratif de l’État

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À la sortie de ma boulangerie, une personne mendiait. Je l’ai emmenée à la pizzeria pour prendre un menu à 8 euros. Ma présence lui a permis non seulement de manger, mais aussi de s’asseoir à une table, comme tous les autres clients.

Curieusement, cette histoire de migrants, c’est à la fois très près et très loin. Nos parents ont sûrement déjà vécu une expérience de migration pendant l’exode de la dernière guerre.

 

Notre ville a accueilli plusieurs familles de migrants récents notamment une famille géorgienne accueillie par une autre famille et qui cherche du travail.

« Y a-t-il beaucoup d’étrangers dans ta classe ? » demande un adulte à un enfant dans un dessin humoristique - Réponse : « Dans ma classe, il n’y a que des enfants ».

Parmi nos enfants, l’une est amoureuse d’un Allemand, l’autre est fiancé à une française d’origine béninoise : en Picardie, notre curé était d’origine camerounaise. Nous avons accueilli plusieurs élèves d’origine allemande.

On est toujours l’étranger de quelqu’un. Si l’étranger, c’est la différence, c’est alors le statut normal de tout être vivant sur cette terre. Il y actuellement une exposition très intéressante sur le thème des frontières au musée de l’Immigration à la Porte Dorée, à Paris.