AIX-EN-PROVENCE et NICE

VIE EN SOCIÉTÉ, DÉMOCRATIE

Engagement citoyen, violence et religion, éthique et moralité dans la vie publique, écologie globale

La Pourraque, 8 octobre 2016

 

17 présents

Discussion sur le thème (Résumé):

 

Les sous thèmes principaux sont énoncés avec le thème lui-même. Il n’y a pas vraiment eu de remue méninges pour extraire les sous thèmes de réunions. La discussion a porté sur le thème lui-même : pour certains, le thème entre bien dans les domaines d’intérêt, et parce que nous allons vivre une période où notre citoyenneté sera fortement sollicitée ; pour d’autres il est trop proche de l’actualité (qui nous sature), se prête trop aux déclarations d’opinion et aux débats et est trop éloigné de l’humain.

 

Les points envisagés :

  • Mon expérience du droit de vote
  • Mon action pour le progrès de l’entreprise et sa qualité démocratique
  • Mes expériences de démocratie, appliquée ou bafouée
  • Ce qui me motive dans l’écologie ; où mets-je le curseur entre mon bien et celui de la nature ?
  • Mon ressenti des attentats terroristes
  • Mon expérience des associations et/ou de la vie politique
  • Mon action pour faire le bien quand je ne le vois pas venir de nos élites
  • Mon rapport aux media ; le media dont je rêve ou que j’aimerais créer

Autres remarques et propositions :

  • Manque le thème de la tradition
  • Focaliser les échanges sur l’humain, à travers des thèmes comme le travail, la dépendance, sous ses diverses formes
  • Et ma foi dans tout ça !

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MON EXPÉRIENCE DES COMMUNAUTÉS

La Pourraque, 9 octobre 2016

 

16 présents

 

Je participe à des cycles de préparation au mariage de jeunes. Je trouve ça très intéressant. Les interventions des invités sont souvent d’un haut niveau spirituel. Je vois la difficulté de l’exercice pour les jeunes, mais ils participent bien et semblent contents. Certains d’entre eux ont des convictions profondes.

Ma première expérience a été la pension entre 9 et 13 ans dans une école de sœurs. Je n’y ai pas senti de fraternité, et j’y ai eu peu de contacts. Mais les séjours à la Pierre-qui-Vire m’ont montré une atmosphère connue nulle part ailleurs. Ici chez les Xavières, on sent l’épanouissement ; elles semblent bien dans leur peau et avoir plaisir à partager leur expérience.

Ce que m’apporte la communauté, c’est la hauteur spirituelle. En préparation au mariage, ma meilleure expérience est le partage avec les autres préparateurs. Je ressens l’amour et ça me rassérène. C’est le seul moment de ma vie où je me sens véritablement moi-même. Ma semaine de retraite à Ganagobie, dans le silence, avec la présence permanente des moines m’a rendue meilleure. La Pierre-qui-vire m’a marquée à vie. Les souvenirs des conversations avec les moines et des offices m’aident à vivre profondément.

Jeune, j’ai fait beaucoup de retraites, qui ont structuré ma vie : (1) ouverture à aller vers des gens qui vivent la vie autrement, et même attirance vers eux. (2) non volonté de possession ; les Xavières sont pour moi l’exemple de personnes qui construisent à partir de rien, ce qui est finalement le lot du gros de l’humanité. (3) simplicité, refus de modes sophistiqués de vie.

 

J’ai longtemps eu de la réserve par rapport aux uniformes et aux communautés, y compris religieuses qui en portent. Ça me mettait mal à l’aise. Inconsciemment je leur collais une étiquette « étranger » et ma timidité me mettait mal à l’aise. C’était comme ça ma première fois à La Pierre-qui-Vire, et moins par la suite. Avec les Xavière, c’est tout différent, l’échange est facile et sur des sujets où j’échange facilement, et ça a cassé le schéma que je m’étais fait initialement.

J’ai deux perceptions : (1) une positive avec les Xavière et une communauté franciscaine d’Afrique où j’ai fait deux séjours : tout y était positif et avait un sens. (2) Une négative, celle d’un couvent où l’enfermement peut entraîner un manque de ferveur et dériver vers un mode maison de retraite. J’ai connu une personne psychopathe qui a intégré une communauté ; je me demande comment ça peut s’y passer.

 

Étant allée au patronage, j’ai l’impression d’être née avec des religieuses. Je dois aux sœurs de mon école le succès dans mes études et l’intérêt pour l’Autre qu’elles m’ont enseigné. J’ai cependant été contente de retrouver ensuite ma liberté. J’ai effectué un retour grâce à Jean Volot qui m’a montré qu’on pouvait avoir des relations amicales avec un curé. J’ai redécouvert l’évangile avec intérêt et que Dieu est tendresse. Le décès de notre enfant y a aussi contribué. Puis j’ai découvert Mireille, sœur Xavière, qui m’a aidée à m’impliquer dans la catéchèse et a montré qu’on pouvait être intégrée au monde en tant que religieuse. J’en ai fréquenté de très différentes, dont beaucoup n’avaient pas eu de formation théologique, et d’autres étaient frustrées de ne pas pouvoir faire ce qui avait motivé leur engagement : l’éducation et les soins médicaux.

Mon éducation dans une école des petites sœurs de Gramat m’a dégoûtée de la religion. À La Pierre-qui-Vire, les moines m’ont étonnée par leur rapport au temps et leur capacité à aborder les problèmes du monde alors qu’ils en sont isolés. Mon séjour chez des Bénédictines au Bénin a été pour moi une grande leçon de vie, tant par le soin de leur tenue, que leur sens du service des autres, la qualité de leur accueil et leur bonne humeur.

 

Ma première communauté a été ma famille, qui vivait en autarcie en montagne. Je n’ai pas de mauvais souvenirs de l’internat ; j’en ai toujours des copains. L’armée est une communauté où la simplicité des règles et le devoir d’obéissance sont protecteurs pour ses membres. Je suis revenu des missions australes en étant chrétien et j’ai contribué à la création de deux associations, dont l’APMA. La Pierre-qui-Vire et la communauté d’Emmaüs sont également des environnements protecteurs pour leurs membres, et pour ce dernier, en connexion avec le monde.

 

Je n’ai pas d’expérience de vie en communauté, mais les religieux m’ont apporté quelque chose. Je garde un excellent souvenir du curé qui m’a fait le caté, alors qu’il a par la suite été soupçonné de pédophilie. Dans les aspects négatifs, il y a une histoire de mariage cassé pour de fausses raisons afin qu’un divorcé puisse se remarier à l’église. Cette histoire a fait du mal à la famille. Mon mari vit mal de n’avoir pas pu se (re)marier à l’église. Je suis venue aux pingouins pour trouver des réponses ; j’y suis bien, bien que je ne les aie pas trouvées. J’aime bien les Xavières, mais je pense qu’elles sont un cas particulier.

J’ai trouvé un prêtre qui à mes yeux était avant tout un homme. C’est grâce à lui que je suis rentré dans le cycle des préparations au mariage. J’y ai fait des réunions sur le mode pingouin, qui ont permis un partage très intense. J’aime beaucoup les Xavière car elles vivent avec le monde. L’une d’elles, ingénieur agronome, a nourri mon intention de faire de l’agriculture. Je n’ai pas connaissance d’équivalent chez les hommes.

 

J’ai peu d’expériences des communautés. Je trouve que des communautés où les règles sont simples et l’obéissance imposée sont un refuge pour les gens qui ont des difficultés à s’intégrer dans un milieu très ouvert ou complexe.

J’ai entendu parler ce midi de robots trayeurs de vaches et de robotisation d’une coopérative de fromages. Mais où est la place de l’humain dans tout ça ? La Pourraque me fait grand bien. J’y ai fait une nuit complète ; c’est la première fois depuis longtemps.

Dans ma famille, on refusait d’entrer dans des groupes confessionnels (juifs). C’est pareil pour moi, je refuse le côté clanique de ces groupes et évite de me faire embrigader. Mes parents d’adoption de Manosque (chrétiens) ont souhaité créer une communauté. J’y ai été très impressionné par Guy Gilbert. Je suis toujours à la recherche d’un signe, qui ne vient pas. Il est peut être venu lors d’une cérémonie à N.D. de la Garde, mais je reste pourtant sur ma frustration.

 

J’ai passé l’école primaire chez des sœurs très strictes, mais pleines d’humanité. À 11 ans, j’ai souhaité être religieuse, et j’ai été déçue que les sœurs ne me trouvent pas vouée à ça. Une fois arrivée à l’école laïque, je me suis investie pour la paroisse, ce qui a ramené mes parents à la messe. Par la suite j’ai cherché à vivre comme dans une communauté religieuse. Il s’est trouvé un club de sport où je me sentais bien, car la discipline y était semblable.

 

Les fidèles de Jean Volot faisaient un peu secte à mes yeux. Puis un Franciscain m’a invitée à La Pierre-qui-Vire. Je m’y suis retrouvée un soir, sans accueil, dans une cellule à une personne, avec mes 3 enfants. Quelle expérience ! J’y ai découvert l’ouverture au monde lors d’une conférence faite par un moine. J’ai beaucoup de gratitude pour eux.