Aix-en-Provence

Compte-rendu de la réunion du 27 novembre sur le thème : Ce qui m’a été transmis ; Ce qui m’a aidé ; Ce qui m’est resté ; Ce que j’aurais aimé recevoir.

10 participants

 

 

Dans ma jeunesse la religion était importante et les pasteurs avaient beaucoup de pouvoir. Puis, dans les années 50 il y a eu un changement rapide. J’ai ainsi vécu entre deux mondes. Mes parents auraient pu me transmettre cette dualité comme mode de vie. Paradoxalement, j’ai développé un optimisme fondamental et parfois béat. Mes parents m’ont transmis le sens de la frugalité, de l’économie, du travail et du respect de l’autre. Pour moi, faire compliqué, c’est signe de vouloir se mettre en avant. Dans les discours politiques que je lis, je cherche le mot ‘égalité’, et je ne le trouve pas toujours.

  


C.F. Édouard Bled dans ‘j’avais un an en 1900’: « l’homme reste toute sa vie l’enfant de son enfance ». Malgré mes nombreuses formations et diplômes, ce qui m’a le plus apporté est la formation reçue dans mon enfance, en tant que fils de paysan de montagne, avec les valeurs qui sont dans l’ordre d’importance : 1) le travail, le respect de la parole donnée, 2) la ténacité dans l’effort, la solidarité, 3) les nombreux ‘savoir-faire’ manuels. Dans ma vie d’adulte, ce sont surtout les rencontres humaines qui m’ont aidé à faire mes choix. Exemple : le ‘oui’ de celle qui est devenue mon épouse. J’aurais aimé recevoir la capacité d’appréhender quelque peu les pouvoirs cachés de l’humain : sourcier, coupeur de feu… et les lois qui gèrent l’Énergie de l’Esprit, c-a-d. l’amour, mais aussi la haine.

 

On m’a transmis l’importance du travail, et à ne pas se plaindre du travail. Dans ma famille, restreinte et éclatée, j’ai vécu l’absence de parole, et n’ai pas connu de vie de famille. Je regrette qu’on ne m’ait pas transmis de culture musicale et d’avoir peu fait de sport, et je vois que je reproduis la même chose. A travers des stages, j’ai découvert que j’avais en moi des pouvoirs de magnétisme que je n’imaginais pas.

 

J’ai du mal à dire quelque chose sur l’apport de mes parents. L’école primaire m’a apporté la possibilité de me développer. Les institutions m’ont appris que j’étais un individu, ce qui m’a beaucoup aidé. Je me souviens de la franchise du rapport avec l’instituteur. J’ai aussi été imprégné de l’esprit républicain qui était insufflé. Mon entrée à l’école normale, pour faire comme les instituteurs, a été une mauvaise expérience, mais elle n’a pas pour autant entaché mon acquis. Il se fait une reconstruction de ce qu’on faisait quand on était jeune; peut-être avais-je un peu idéalisé les choses.

 

Ce qui m’a été transmis par mes parents me parait preste totalement négatif. Le positif est arrivé par mes grands-parents maternels. Mon grand-père d’origine paysanne a travaillé pour s’élever, a toujours eu soif d’apprendre sur tout, et ça m’a été transmis. Son rapport à la religion, qui était de l’ordre de la rencontre et du dialogue, m’est resté. La transmission par l’amour et l’enthousiasme a bien fonctionné, et il m’en est resté de belles choses.

[Après une nouvelle épreuve de santé] je renais à quelque chose d’autre. J’ai toujours aimé la vie, et je l’aime encore plus maintenant. Le regard vers ma plus tendre enfance ne m’éveille pas grand-chose, sinon le sens du travail. J’avais soif d’acquisition de savoir. Je vois ma maladie auto-immune avec beaucoup plus de sérénité qu’avant ma dernière épreuve. Je veux que vous soyez heureux après mon départ.

 

Ma mère m’a transmis son esprit d’humanisme social, de tolérance, de liberté de pensée, du sens de la nuance et du bannissement du ‘c’est comme ça’. Mon père m’a transmis la musique, mais m’a fait subir brimades, châtiments physiques et humiliations. Le sport état ‘hors champ’. Ma famille de cœur m’a transmis la foi, mais pas dans le dogme, l’amour, l’humour, la dérision, le savoir rire de tout, et le savoir être soi et pas le fils de... L’école m’a transmis du savoir, et m’a procuré beaucoup d’ennui.

 

J’ai du mal à distinguer l’acquis de l’inné. De mes parents je retiens un héritage génétique satisfaisant, une éducation catholique assez rigide dont je me suis écarté, tout en conservant les principes moraux, la foi en un dieu dont je ne distingue pas bien la forme, et le respect du clergé. Je ne sais pas dire quelle est la part de l’inné, de l’acquis familial et de l’environnement dans mon gout pour les études et la réussite sociale et les efforts associés. J’aurais aimé, quitte à être moins coconné, être éduqué aux rapports sociaux et professionnels et à la politique. Ignorant de tout, j’ai été souvent en décalage dans le début de ma vie professionnelle, entre mouton et loup maladroits. Notre fils nous a aussi reproché d’avoir été trop préservé des difficultés du monde.

Je ne viens pas d’une famille nucléaire, mais d’une tribu. La famille était constamment dérangée par les clients. L’autre était toujours bienvenu et je n’ai jamais entendu de propos malveillants. Je crois avoir hérité de cette faculté. On m’a transmis le sens du devoir, mais aussi du libre arbitre dans les choix. Bien qu’issue d’un milieu très conventionnel, ma mère m’a transmis la liberté d’esprit. L’internat en secondaire, m’a appris la liberté dans le carcan. Mon père était très fier de nous. C’est un atout important.

 

Je suis sensible à l’apport des autres dans mes activités. Dans celle du vol en simulation, je bénéficie de ceux qui élaborent et partagent les données météorologiques, de ceux qui contribuent à l’élaboration d’images aériennes et aux modélisations des constructions, de l’informatique, de contrôleurs de vol (il en existe pour le monde virtuel). Il y a des professionnels, mais aussi des amateurs dans toute cette communauté, et cela me permet de vivre mon rêve d’enfant, puisque je n’ai pas pu devenir pilote de chasse.