SUD-OUEST

Réunion à Tournay du 26 et 27mars 2022 sur le thème:

« Vivre dans un monde en mutation »
- Nouvel humanisme pour maintenir lien et communauté
- Que deviennent mes savoirs, mes acquis, mes croyances
- Ethique et sociologie : euthanasie, transgenre, relation de couple…
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12 participants

 

Qu’est-ce qui a changé pour moi depuis le covid ?
Dans un monde énorme qui dure depuis des millions d’années, je me suis sentie encore plus, toute petite, me sentant être un élément minuscule et partie prenante de ce qui nous entoure.
En regardant certaines peintures chinoises représentant des paysages de la nature, de grands arbres, quelques montagnes, des prairies, etc... Il y a aussi un ou parfois plusieurs très petits êtres humains qui se distinguent à peine. Et pourtant ils se portent à notre attention, font partie de la composition de l’œuvre tout entière.
Cela m’a confortée dans l’idée, que malgré l’immensité de la nature que l’on doit respecter, chaque personne, chaque être humain est important et fait partie de ce monde, de cette nature dans laquelle nous vivons.

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Quels impacts ont ces changements sur nos associations ?
Covid = stop. Arrêts de toutes réunions d’associations : il y a donc des remises en question.
Quand le stop est levé, c’est très difficile de repartir comme avant.
Les rouages sont rouillés.

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Un de nos fils, au Canada, avec sa famille, cherche un chemin assez radical
Pour eux, pas de solutions dans la société actuelle. Il faut donc repartir de zéro
Cela nous a d’abord inquiétés avec
L’école à la maison
Puis déménagement à la campagne
Projet de communauté
Notre inquiétude était une dérive vers une secte, un enfermement…
Puis notre visite là-bas en août nous fait espérer en une construction d’une communauté nouvelle, car
Ils restent dans la vie
Avec de nombreux amis
Constatent la difficulté de la vie en communauté = formation à la communication non violente et la résolution de conflits.
On verra la suite après.
Quelques éléments de la vie actuelle chez eux :
Vers l’autonomie : permaculture
Maximum de partage : achat en gros
Maison ouverte – vie au jour le jour – on ne court pas.

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J’avais réagi au mot Communauté à notre dernière réunion.
Mon enfance, c’était la Communauté : village, paroisse…
Et puis est venu le mot « communautarisme ».
L’église ne devient-elle pas une communauté fermée ?
La communauté saint Martin, pour qui le pape est hérétique parce qu’il pousse à la périphérie,
« On est bien entre chrétiens », la périphérie, ce sont ceux qui ne sont pas comme nous.
Pour réagir à ce qui vient d’être dit, actuellement, « liberté », c’est moi tout seul. Ex : vaccination.
Notre évêque voulait rencontrer Poutine, dernier défenseur des valeurs chrétiennes !!!

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(Une absente)
Ce qui me manque, c’est, moins la réunion, que de retrouver des amis.
Je partage l’avis de notre absente

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Le monde en mutation :
Un marin ne peut continuer sa route que s’il a des repères. Pas de repères, il est perdu.
Aujourd’hui il y a des tas de repères, dont beaucoup sont des miroirs aux alouettes.
Nous, nous aurons vécu une certaine vie. Qu’ai-je à dire à ceux qui nous suivent.
Nos outils ne sont plus les leurs.
Une valeur sûre : l’amitié.
Donc la tolérance aux idées des autres.
Qui ne sait pas changer d’avis va disparaître.
Le monde nous dépasse : il faut laisser une place à ce qui change.
Changer, admettre que l’autre est différent, ne pas juger.
Quand j’ai admis que je n’avais pas forcément raison, j’ai bien avancé.
La réflexion d’un ami, hélas disparu, m’a percuté : « La Foi, c’est consentir à ce qui me dépasse. »

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La vie – le vivant – ce n’est pas statique, c’est une évolution
Une association, si on n’est pas en recherche d’amélioration, ça régresse.
J’ai un vécu, un acquis, des repères.
Cela me permet de réfléchir. C’est un socle, des racines.
Importance de mes réseaux familiaux, amicaux, associatifs
Le monde bouge. Tout ne me plaît pas, mais par exemple : des jeunes à la trentaine qui ont cherché des projets oubliés pour les reprendre, comme recharger des piles non rechargeables.
Il y a des outils, des savoirs faire qui restent :
Photos numériques, c’est éphémère
Photos argentiques, on en fait moins, ça dure.
Avec le Covid, on a retrouvé nos voisins.
Même les animaux ont besoin de relations.
Pour moi les relations, c’est essentiel pour bien vivre.
C’est plus l’incertitude que le changement qui me touche.

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« Vivre dans un monde en mutation » Comment se situer ?

Pour ma part, je me suis focalisé sur un aspect du problème…. Celui de la mutation du Christianisme…
Pendant des siècles, le Christianisme était une sorte de « religion civile », un ensemble de valeurs, de pratiques, qui facilitait la cohésion sociale.

Le Christianisme disparaissant comme « religion civile » a disparu aussi la transmission de l’évangile par la vie sociale, bon an mal an, même s’il pouvait s’agir d’un christianisme culturel plus qu’existentiel engageant en profondeur les personnes.
Accompagnant cette disparition d’un christianisme culturel, on assiste également à un changement d’anthropologie, la promotion de l’individu où tout est mesuré par l’homme et ses désirs.

Dans ce contexte tout à fait nouveau, comment être chrétien, comment annoncer l’évangile ?
Je crois d’abord que nous avons à écarter un repli identitaire, frileux, un enfermement dans nos certitudes … le repli, mais ne pas céder pour autant, à une autre tentation, celle du désenchantement, le « à quoi bon », « tout est fichu », baisser les bras.

Quels comportements adopter ?
Accepter que nous sommes entrés dans une ère où les chrétiens sont un « petit reste », et que c’est dans ce contexte d’un christianisme minoritaire, que nous avons à rendre présent le message évangélique à la culture et à la vie sociale de notre temps, sans prétendre imposer nos orientations, mais sans les diluer.

Danièle Hervieu Léger appelle cela la condition diasporique du christianisme. Pour elle, toute diaspora ; c’est-à-dire des groupes (juifs, arméniens, syriens, ukrainiens…) obligés à l’exil par la guerre, les persécutions ou la précarité, etc… vit une tension entre deux pôles : la mémoire de la patrie d’origine que l’on cherche à maintenir et la volonté d’insertion dans la société d’accueil.

C’est ce que certains appellent une contreculture au sein de la culture dominante.
Le terme « contre » est ambigu car il donne l’impression que l’on s’oppose à la culture actuelle et à la société au sein de laquelle nous vivons et qui nous imprègne et nous influence, qu’on le veuille ou pas.

Une contreculture, ce n’est pas opposer, mais c’est plutôt incarner, mettre en œuvre un style de vie inspiré des valeurs de l’évangile ou encore inventer une manière nouvelle d’habiter notre monde actuel, proposer un projet alternatif au modèle dominant aujourd’hui.

Quelques exemples

Dans un monde où les relations sont difficiles, habitées souvent par beaucoup de richesses, un monde d’exclusions,
Développer un vivre ensemble fondé sur le service de l’autre, l’écoute, la bienveillance, l’ouverture.

Dans un monde de consommation et de satisfaction de tous nos désirs,
Proposer une éthique de la sobriété, la recherche de la mesure, l’acceptation des limites, celles de l’homme et celles de la nature.

Dans un monde où l’on occulte la mort (cf. la pandémie),
Rechercher un rapport plus serein à la mort qui sera source d’apaisement pour notre vie.
« Pour vivre, il nous faut risquer de mourir » (Bernanos)
Ce modèle alternatif suppose deux attitudes fondamentales :

L’hospitalité, c’est-à-dire, ouvrir nos portes, accueillir notre monde tel qu’il est, sans le juger, ni le condamner

La bienveillance: loin de se raidir ou de fermer nos portes, porter un regard positif sur les personnes en les reconnaissant dans leur singularité, en les acceptant dans leurs différences.

Le nouveau modèle inspiré des valeurs évangéliques nous demande finalement de passer d’un christianisme culturel, d’habitudes, à un christianisme attestant, confessant.
Je crois pour autant que l’expérience mérite d’être tentée et qu’elle peut redonner un nouveau souffle à un christianisme minoritaire, diasporique - et qui le restera à vues humaines - mais qui peut être porteur de vie et d’espérance dans un monde qui en manque.

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Dans notre petit coin de Pays Basque, nous sommes confrontés au problème des migrants africains.
Tous les jours dans nos rues, on les voit arriver en nombre.
D’une part, une chaîne de solidarité s’est mise en place pour leur permettre de rejoindre Bayonne où une structure, avec le soutien du maire, les aide à poursuivre leur route.
D’autre part, les policiers français qui les renvoient en Espagne et qui, il n’y a pas longtemps encore, plaçaient en garde à vue ceux qui tentaient de les aider.
Le mot solidarité n’a pas le même sens pour tout le monde.

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Les mutations du monde ne m’interpellent pas. Je les vois bien sûr, mais elles sont externes à ma vie.
Je ne me sens pas agressée parce que j’ai des mutations internes qui ne me laissent pas de disponibilités.
Je ne suis pas indifférente, mais je ne suis pas dedans.
Je suis en marge pour le moment.

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Lorsque l’on a défini le sujet, je ne m’attendais pas à ce qui s’est ensuite passé.
On a séparé les gens :
Moi, initialement je ne suis pas favorable à la vaccination, mais pas vacciné, c’est la mort de l’association.
J’ai donc privilégié la vie de l’association.
J’ai un peu honte de vivre dans le monde de lequel on vit
Les ukrainiens, on les laisse parce qu’ils ne sont pas dans l’OTAN

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Pour moi, il y a deux aspects de la mutation :
Pour moi personnellement j’aime bien quand ça change
Cahier – règle à calculs – calculette graphique – les voitures de maintenant qui font tout.
Pour la société : la santé : quelle évolution ?
J’ai retrouvé mon premier carnet de santé : dans mon enfance, je me suis fait vacciner dans tous les sens.
Pour moi, être contre la vaccination, c’est comme si on pouvait être contre la respiration ?
Tout mute de toute façon : on commence à faire des immeubles en bois.
Il y a beaucoup d’évolution heureuses, positives.
Ma mère, sage-femme, voyait des habitations pas possibles,
Maintenant, les maisons sont équipées, ont du confort.
Mon stage d’étudiant au Creusot : chaleur, poussières, etc… les conditions étaient épouvantables
Sur les terres de mon père que je loue pour la moisson : le conducteur du tracteur n’est pas sorti de sa cabine fumée. Il en est sorti à la fin de la journée. C’était un jeune avec sa copine.
Une mutation négative : on n’a jamais eu autant de dictateurs.
Les maisons sont entourées de murs énormes.
Des deux côtés, il y a l’homme.
Dans la vie active, on est dans le lave-linge. A 70 ans, on sort de l’essorage et on regarde.

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