BRETAGNE

VIE, SOCIÉTÉ, DÉMOCRATIE

Landévennec, 22 et 23 avril 2017

 

10 présents

 

- Sentiment d’insatisfaction dans une campagne qui a perdu en qualité de démocratie. Pour la campagne électorale : beaucoup de « partisanisme ». Cela nous interpelle aussi dans notre vie familiale et associative. Je suis plutôt pour un citoyen écologique que pour un parti écolo.

Partout, c’est à partir des valeurs que l’on se positionne : tolérance, compassion, compréhension. Même chose dans la famille où l’on traite chacun comme un partenaire.

En association, on se sent souvent seul. Or, on a besoin du soutien des autres : les associés délèguent trop et ne soutiennent pas assez ceux qui s’engagent.

- La vie en société est de plus en plus compliquée à cause de l’individualisme ; chacun veut récupérer pour soi. Les associations, elles-mêmes, sont en compétition.

À l’hôpital (dans l’association de visite aux malades) on ne rencontre pas le même problème : il y a un partage des difficultés qui apporte beaucoup. Il y a une vraie gratuité entre visiteurs et « visités ».

En famille ce n’est pas toujours facile non plus : il faut beaucoup d’écoute et de tolérance : base de la démocratie.

À Nantes, pour l’aéroport de Notre Dame des Landes, il y a eu beaucoup de violence ! Les gens ont voté et les votes devraient être respectés. L’écologie est importante aussi, mais c’est toujours un équilibre fragile.

 

- Mes « sociétés » : nécessaires, utiles ; importants lieux-ressources et d’humanisation pour soi et pour les autres : famille, amis et quartier, paroisse, APMA. Asso de danse-loisir pour un bien-être collectif qui va bien au-delà de l’exercice physique en favorisant l’amitié et en favorisant la bonne santé, mais beaucoup plus individuel ; le Tai-chi.

Une fois choisies, je dois m’y impliquer car je pense que chacun y a un rôle, pour le bien de tous, par une présence accueillante et créative. Et quand on a délégué, il faut laisser faire… L’effort de dépassement de soi et de renoncement à l’ego évite de se replier sur soi et d’être malheureuse car l’enfer ce n’est pas que les autres, mais aussi la satisfaction prioritaire de mon ego qui incite à mille fausses routes.

 

Tant que je connais superficiellement il y a à dominer, parfois, une envie de rejet (ceux qui n’ont jamais tort, qui agissent en solitaires, qui veulent être seulement consommateurs…). La qualité de la société dépend de la qualité de ses composantes. Pour moi, la meilleure étant la bonté, sans naïveté, pour que dans le « vivre ensemble », il y ait le vrai bonheur du partage, de la communication et parfois de la communion efficaces pour susciter dépassements et évolutions. C’est dans la ligne de ma foi en Christ, Source et Ami, Voie, Vérité, Vie. Pour moi Jésus -Christ en révélant un Dieu-Père, révèle aussi l’homme à lui-même, mais je reconnais aussi que des sagesses anciennes (taoïsme, bouddhisme…) peuvent conduire à une fraternité pour vivre en paix. Je trouve la vie en société très difficile à organiser, pour vivre ensemble au niveau d’une commune, d’une région, d’un pays et avec d’autres pays. Une bonne société ouverte devrait avoir pour objectif l’humanisation de tous : une utopie jamais réalisable à 100 % ; trop de conflits et d’échecs dus à l’égoïsme. « Justice et vérité, amour et liberté » : vaste programme d’abord personnel !

 

- Qu’est ce que la démocratie ? C’est une façon de vivre avec les autres… les respecter, faire attention à l’autre… Pas de démocratie dans l’Église actuelle… Je ne suis pas toujours très tolérant… Les jeunes me déroutent souvent, mais ils sont peut-être plus humanistes que nous. J’ai été marqué par le scoutisme : souci de retrouver la création de Dieu : « L’homme vit avec la nature et en elle ». Le fait de naviguer avec des étrangers : cela m’a beaucoup enrichi dans ma relation avec le Monde… Je me retrouve mieux dans l’écologie du fait de mon métier où l’on apportait soin et respect sur les bateaux… Souci pas totalement nouveau car, autrefois, il y avait un compost dans le jardin. Certaines sociétés ont tendance à récupérer des projets écologiques pour des profits financiers ! On parle des animaux, des plantes, mais rarement de la place de l’homme (« sauf à lire le pape François » ! L’écologie est une préoccupation importante.

 

- J’ai pensé au quartier… pas forcément de respect des autres… des travaux sur la route révèlent l’individualisme : le 30 à l’heure n’est pas respecté et même la sortie de la maison est difficile.

Par ailleurs, peut-être dû à l’âge, on excuse beaucoup de choses. Même si on n’est pas d’accord, on ne dit rien, on subit… La politique ne m’intéresse pas et demain je ne sais même pas pour qui je vais voter. Pourtant, je veux prendre mes responsabilités. On a le droit de voter. Quant à l’écologie : on trie, on composte… à notre niveau. Démocratie… pas d’entente non plus en paroisse.

- J’ai vécu dans plusieurs sociétés, au Brésil, soi-disant démocratique, mais c’est une dictature…

 

Dans des pays étrangers en révolution où c’était difficile de trouver le bon comportement : on vit dans la peur. Entre les missions de mon mari et pendant les plus brèves où je ne l’accompagnais pas avec les enfants, nous avions fait une maison de vacances en Bretagne. Pour nous intégrer j’ai fait des pas vers les autres. Puis, j’ai été invitée dans des associations : ACGF, danse bretonne…

Ce sont les activités qui me tirent de la solitude. Difficile d’être seule... J’ai besoin de parler. Je ne vote pas, mais je m’intéresse à la politique. La société française me plaît : j’ai opté pour la Bretagne et la France ! Je suis autoritaire, je veux tout savoir de mes enfants et petits enfants.

 

Dans un pays, ce n’est pas l’étranger qui peut faire avancer les choses (contre la corruption, le sous-développement…). J’ai peur du Monde. Je trouve qu’il est dans le chaos…

- Politique et démocratie : c’est ce qui vient à l’esprit en ce week-end d’élection… Malgré tous les travers de notre société, je réalise combien nous avons la chance de pouvoir nous exprimer… C’est une chance même si personne ne correspond à ce que je voudrais. En pensant aux pays empêchés, je suis révoltée quand des gens ne veulent pas voter.

 

Dans notre pays, le monde associatif est très riche et, dans bien des cas, il pallie même aux carences de l’État. Comment ferait-on sans toutes ces associations qui viennent en aide aux personnes en difficulté (Secours Catholique ou Populaire, restos du Cœur, la Croix Rouge… ) toutes les associations aussi, qui se créent pour soutenir des causes, des personnes, pour œuvrer à la défense d’une langue, d’une culture, d’un élément du patrimoine… J’ai une riche et abondante vie associative et le synode diocésain que nous vivons en ce moment, est une chance. Je suis heureuse des rencontres du synode. On sera sans doute déçu de ce qui en sortira ou pas totalement satisfait, mais ce n’est pas grave. Ce qui importe : c’est qu’il a mis beaucoup de gens en route hors des circuits habituels.

« Si l’on croit à l’Esprit Saint on aura des résultats » !

 

J’y crois ! Je fais un effort sur moi pour ne pas privilégier mes solutions : il faut accepter de se laisser questionner par les autres ; accepter la confrontation. La démocratie est donc toujours à préserver si l’on veut un « Vivre ensemble » le plus harmonieux possible. J’ai un petit bout de réponse, mais je n’ai pas LA RÉPONSE à tout. Me laisser bousculer et rester humble dans mes engagements… Accepter la confrontation et la remise en cause.

 

- Les vieux dictateurs qui restent en fonction me révoltent… En France, on a la chance de pouvoir dire ce que l’on pense. Je trouve nécessaire de voter pour la liberté, de dire ce que l’on pense. Sur le plan local, la critique est plus facile que la mise en œuvre des projets. Le synode est un grand élan démocratique dans l’Église.

Dans le voisinage où les liens ne sont pas évidents avec tous, la fête des voisins initiée par un nouveau venu, est re-souhaitée cette année. On verra.

- Je me positionne comme citoyen français : notre vie monacale pose question à des gens. La vie en société ne nous est pas étrangère.

 

Notre vie en communauté comporte des groupes de réflexion pour des échanges (2 groupes de 9 moines) et aussi des commissions pour réfléchir aux aménagements de la vie. Plus qu’un choix personnel, les frères sont nommés, mais sont reconnus pour leurs qualités. Des liens avec la commune font toucher à des organismes extérieurs au monastère. La communauté monastique est une famille (fondée sur un appel commun). Les plus jeunes nous bousculent. Saint Benoît dit qu’il faut écouter tout le monde… Cela nous oblige à « convertir notre regard ». Le lien est autre et particulier avec sa propre famille. Il y a les rencontres fraternelles centrales : la liturgie est le lieu le plus fondamental, et les fêtes, chapitres, interventions de gens de l’extérieur, le chapitre conventuel avec les frères engagés définitivement, pour des décisions importantes (des vœux, grosses dépenses…)

 

L’écologie prend une place de plus en plus importante avec les jeunes frères plus sensibles qui recommencent à jardiner, composter, trier. Des projets plus importants peuvent attirer dans certaines congrégations.

Démocratie et vie monastique : le fonctionnement est assez démocratique car le Père abbé doit savoir écouter et tout le monde doit prendre la parole, même si l’Abbé décide en dernier ressort. Vatican II a fait apparaître la notion de « Peuple de Dieu »… Cela a bouleversé la pyramide des pouvoirs…

Des frères participent à des formations : au cours d’une formation de soignant j’ai été intéressé par le fonctionnement de réunions en soin palliatif : tout le personnel (quelle que soit sa fonction) qui entre en contact avec le malade, participe et dit ce qu’il entend ou perçoit du patient). Une autre façon d’être en démocratie chez nous : l’accueil à l’abbaye. Acceptation d’un dedans et d’un dehors. « L’autre qui passe, c’est le Christ » Saint Benoît… avec la question de Dieu à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ».

- Je suis préoccupée par l’élection car la droite et la gauche disparaissent, mais pour gouverner il y a forcément deux tendances en opposition. Or, les partis traditionnels n’existent plus. La démocratie c’est une manière de gouverner. Allez ! Aux urnes citoyens, dès demain !