Aix-en-Provence ET ALPES MARITIME
Compte-rendu de la réunion du 21 avril 2018 sur le thème : L’amitié
10 participants
Une ancienne coordinatrice a dit: « Aux pingouins, ce qui compte, c’est l’amitié ». Je suis d’accord, mais pour moi affection n’implique pas forcément amitié. Par ailleurs l’amitié n’est pas transitive. Faut-il suivre des amis quand ils ont une récrimination contre un tiers, ou lorsqu’un de leurs amis est détestable ? C’est ce mécanisme qui crée les conflits et on peut en arriver à un refroidissement des relations d’amitié. On voit ses amitiés évoluer au cours du temps; les motivations ne sont pas toujours les mêmes. On reste sur son quant à soi.
Pour un vote par procuration au pays j’ai choisi un ami d’enfance, par ailleurs opposant à une cousine également candidate. Je l’ai fait pour ne pas risquer que mon intention de vote soit trahie. Ma famille a mal vécu ce choix et ça a fait un esclandre. La confiance est une condition de l’amitié.
Mes deux premiers jobs m’ont offert des relations d’amitié. Ce n’est pas le cas du troisième, mais depuis 20 ans, ça se vit bien. Il n’y a pas de règle, pas de hasard, c’est selon ce qui se présente sur le chemin. Il peut y avoir une cohésion de groupe sans pour autant de relations d’amitié de un à un. J’appelle ça de l’amitié de groupe.
Je pense qu’il y a des amis choisis et des amis donnés. J’ai une seule amie d’enfance, retrouvée récemment ; j’ai aussi une seule amie de pensionnat. Avec ma voisine, il y a eu une grande complicité entre nous. Je regrette sa disparition, mais j’ai gardé des relations avec ses enfants. J’ai très peu d’amitiés profondes, mais beaucoup d’amis par proximité de cœur ou langage commun, dont les pingouins, qui sont pour moi des amis donnés. J’ai aussi de vrais amis dans mon club de marche, avec lesquels je peux avoir des échanges en profondeur.
L’amitié implique quelque chose de très fort, à la différence des copains et relations. Pour moi, les critères sont la capacité d’effacer les périodes sans rencontre et la capacité de se comprendre sans parler. La force de l’amitié permet d’échanger et de s’épauler. De mes amitiés du passé il reste les amis de l’internat avec qui il y a des rencontres annuelles, le service militaire et les missions en Terres Australes. J’ai eu également de vrais amis dans mon équipe professionnelle.
Les amis sont des gens avec qui on partage des choses profondes, mais aussi des fou-rires. Mon amie d’enfance m’est venue par la rencontre de deux solitudes. Ca n’empêche pas d’avoir des opinions différentes. Jeune adulte, j’ai voulu découvrir le monde, ce qui a favorisé des amitiés solides permettant là aussi des divergences de pensée. Dans la vie professionnelle, j’ai eu des expériences indélébiles vécues en commun. Les enfants aident à créer des amitiés entre parents. Il y a aussi les gens avec qui il y a convergence sur la recherche de sens et les choses profondes. Je partage l’idée que les pingouins engendrent une amitié collective.
Pour moi, amitié va avec osmose. Le visionnage du film « mon meilleur ami », m’a fait me demander : qui est-il ? J’en avais deux : un ami de circonstance et un descendant d’amis sur deux générations. J’ai senti un grand vide à leur disparition. C’étaient des gens avec qui je pouvais parler en toute liberté et confiance. L’important est qu’il n’y ait pas de jugement de l’autre. Au retour d’expatriation j’ai distingué deux catégories : les gens à qui on n’a plus rien à dire et ceux qu’on retrouve comme si on s’était quittés la veille.
De l’enfance et l’adolescence, il me reste un seul ami. Beaucoup sont décédés, certains étant sortis de mon amitié auparavant. Heureusement, la vie a créé des amitiés nouvelles, certaines improbables, grâce en particulier au voisinage ; là c’est la proximité qui a créé l’amitié. Au niveau professionnel, j’ai eu deux amis médecins qui avaient pourtant des tempéraments très différents : un libertaire agressif et un d’extrême droite. C’est curieux de voir comment j’ai pu lier amitié dans ces conditions.
J’aime la phrase ‘on choisit les amis, pas sa famille’. J’ai pourtant des amis dans ma famille. J’ai des amis très proches mais peu nombreux et d’autres, très bons copains avec qui règne une grande confiance, mais pas de profondeur de relation. Je partage aussi l’idée que pingouins va avec amitié de groupe. Je vis des amitiés de types très différents. Avec mon plus ancien ami, depuis l’âge de 3 ans, c’est une amitié très solide malgré des valeurs très différentes. On s’adore, alors que je n’en vois pas les raisons. Dans mon épreuve, des amis m’ont soutenu quotidiennement, d’autres m’ont lâché. Pourtant l’un deux restera la plus belle rencontre de toute ma vie.
Vous m’avez ouvert les yeux sur l’amitié individuelle et l’amitié collective où je vois un phénomène d’osmose. Je sens la force des réseaux comme WhatsApp qui porte beaucoup, alors qu’on ne se voit pas individuellement. Les pingouins aussi, c’est addictif.
Il y a une notion de valeurs et de capitalisation dans ma perception de l’amitié. Pour moi, la communauté de valeurs est une condition nécessaire. L’honnêteté est primordiale. J’ai un ami d’enfance, qui a des opinions (mais pas des valeurs) différentes de moi, avec qui j’ai partagé le plus gros de ma jeunesse. L’accumulation de ces éléments constitue pour moi un capital, gage de durabilité d’amitié. Je n’ai pas eu de relations d’amitié durable par le travail. Pour moi, le travail n’a pas été propice. J’ai eu un autre bon ami d’enfance que j’ai perdu de vue. Je ne suis pas très motivé pour essayer de renouer. Peut-être n’était-ce qu’un excellent copain. Idéalement, le vrai ami serait celui avec qui il n’y a pas de jardin secret.