Bretagne 

Compte rendu de la rencontre du 21 avril 2018, à l’abbaye de LANDEVENNEC

Étaient présents 13 personnes

1- Ce qui m’incite à transmettre ? Ça peut servir à d’autres… car ce sont les autres (famille, amis, écoles, mouvements, associations, écrivains…) qui m’ont transmis le goût d’expériences qui me rendent heureuse. Vie simple, amitié, foi en Jésus Christ, l’envie d’enseigner, d’échanger et réfléchir, de danser breton, de pratiquer le Tai-Chi (à partir de 75 ans !). Avec l’âge, à partir de mes acquis, mon désir est de plus en plus modeste d’être agent de transmission d’une manière de vivre (à chacun son art !), dans le petit coin de terre que j’occupe !

Ce que je souhaite transmettre, c’est le goût d’apprendre, de se questionner, de réfléchir… Réfléchir au sens que l’on donne à la vie, à ce que l’on est, à ce que l’on fait, à ses expériences « la connaissance s’acquiert par l’expérience ; tout le reste n’est qu’information » Albert EINSTEIN. Importance de laisser les autres libres de leurs choix car chacun, s’il n’est pas trop esclave de déterminismes, apporte sa réponse dans sa manière de vivre.

Transmettre : j’ai appris que cela passe par l’écoute patiente et confiante pour partir de l’autre (c’est pédagogique…) sans présager du résultat ! On ne trace pas la route d’un jeune en lui imposant : « tu feras ceci ou cela… ». Au fond, c’est affaire de gratuité, sans aucune maîtrise du résultat ; ce qui renvoie à une nécessaire humilité, pas toujours évidente. Mais, même si, parfois, j’attends des résultats positifs (soigne toi comme je dis…), je n’ai pas envie d’être une relation toxique qui pense savoir à la place des autres. J’ai appris que je dois tendre à me déposséder, refuser de dominer, faire confiance. « Au nom du Père et du Fils, dans la communion joyeuse de l’Esprit… Prions comme disait un Jean connu ! Je pense que c’est dans ce sens, que je ne comprenais pas, au début, que Jean disait dans ses dernières années : « Mon amitié est, de plus en plus, spirituelle ! ». Je crois que, derrière cela, il mettait : patience, confiance et humour avec, sous-entendu : « tu fais ce que tu veux de ce que je dis… » Tu es libre ! Encore un peu dans la pédagogie de la danse, il me reste des petites astuces pour le quotidien : apprendre à respirer (Tai-Chi), à souffler sur l’effort… bien reçu du fils et d’un neveu… des recettes de cuisine simple et saine… des soins de bobos avec des produits simples et parfois anciens… Cela passe si l’émetteur trouve un bon récepteur, pas trop sceptique, pour tenter et devenir, lui-même, transmetteur.

Parmi les erreurs, il m’est arrivé de transmettre des mails bêtes, non vérifiés, quant à la vérité et je suis devenue anti-buzz… Quant à transmettre la foi, il y a là un mystère absolu, puisqu’il s’agit d’un don. Je peux seulement dire qu’elle me fait vivre tout, mais suis-je un bon témoin ? L’Esprit doit faire le nécessaire puisque je lui fais confiance…

.2- Aujourd’hui, quand on a des enfants, qui sont devenus des adultes, on se demande ce qu’on leur a transmis, et ce n’est pas facile de faire le compte… La pratique religieuse… sûrement pas, en tout cas !… La foi ? Apparemment pas, mais ça, c’est un mystère… J’ai fait une retraite spirituelle à PâQUES et l’intervenant nous disait que le principal n’était pas tant dans le « vouloir transmettre » que dans le « Être en Vérité »… On ne sait pas vraiment ce que l’on transmet… En plus, il faut laisser le temps au temps et les maturations prennent du temps ! Ce que j’aurais envie de laisser paraître, transparaître, c’est que la vie vaut la peine d’être vécue, même si elle n’est pas toujours facile ! Que ce sont les rencontres qui donnent du goût à la Vie et que la joie et le regard positif que l’on pose sur la vie sont des super leviers pour « aller bien ». Ce sont les gens qui « semblent », aller bien qui nous interrogent et nous donnent envie d’aller vers eux ! Je crois beaucoup plus à l’amour que l’on transmet, à l’oreille attentive que l’on garde pour dire : « Je suis là, tu peux compter sur moi » qu’à un pensum de notions et de recommandations. Je suis contente quand je vois mon fils avec son propre fils, quand je vois le temps qu’il prend avec lui, comment ils partagent des choses. Quelquefois, ce sont mes propres enfants qui me transmettent des choses… çà va dans les deux sens…..

.3- Partager/donner….facile ! J’assurais un service au niveau des obsèques… j’ai transmis la suite à d’autres… Aujourd’hui, cela me manque un peu ! Donner, c’est recevoir… J’ai beaucoup reçu de ces familles ! Je suis d’une famille très aimante. Ils m’ont transmis la foi mais aucun de mes enfants ne pratique ! J’ai essayé de transmettre des valeurs… l’honnêteté, le partage…

.4- Dans une voiture, il y a un arbre de transmission qui donne de l’énergie à la voiture ! Pour faire avancer les choses dans sa vie, il faut un moteur… C’est ce qui me fait avancer… On apprend et on transmet dans les rencontres et encore plus, peut-être, avec les personnes avec lesquelles on n’est pas en phase ! J’ai relié cela à l’arbre de Vie… On retrouve des traits de caractère de nos aïeux, chez nos enfants !

5- Je trouve que le sujet est mal posé. Donner/Recevoir et Transmettre… Transmettre, ce n’est pas la même chose. On a transmis la vie. Si on ne le fait pas, la vie s’arrête… Il y a l’inné et l’acquis. L’acquis, c’est ce qu’on aura reçu… Transmission au niveau de l’Humanité ou de la Communauté. Quand on transmet, il faut être simple. On ne sait jamais ce que l’on transmet (musiciens, par exemple). Quand je vois les conflits armés, je me dis qu’on n’a pris aucune leçon de ce qui s’est passé ! Transmission = transmission de la Vie….

Acquis = environnement social, pays… Ce qui peut se transmettre : la lecture de notre vie que fait un tiers. L’Humanité se construit en transmettant des valeurs, des mauvaises choses aussi !

6- Acquis = Je suis né dans une famille catholique, j’ai fait mes études dans une école chrétienne… Le scoutisme m’a marqué… vie avec l’autre, sensibilisation à l’écologie ! Je suis assez pessimiste sur les résultats de la transmission. J’ai vécu une époque très différente, impression de ne pas parler le même langage… Ma vie de marin a été différente de celle des marins d’aujourd’hui ! Le monde a beaucoup changé ! On a fait des erreurs depuis Vatican II. La transmission religieuse ne s’est pas faite comme on l’aurait voulu. J’ai voyagé avec beaucoup d’étrangers. J’ai trouvé que dans l’Humanité, il y avait beaucoup de valeurs ! Je suis pessimiste sur le monde d’aujourd’hui… monde individualiste !

7- Ce thème nous a interpellés. Cela remet en cause le chaînage de notre vie. Question : Comment les parents sont intervenus et comment, nous, on a reçu et on a transmis ? Cela nous a conduits à faire une revue historique de notre famille… Je suis né dans une petite famille d’ouvriers heureuse. J’étais un enfant heureux. Le respect des autres était important. Mon père était un esprit libertaire… Quand je travaillais, j’ai vécu une très grande humanité dans les équipages. Le Radio… c’est, à la fois, l’humilité et la compréhension… On mettait en contact des personnes et on disparaissait, soi-même ! Le respect de l’autre : être le plus proche possible, sans être dans l’intrusion…. Tolérance sans jugement : autre point important… Si on n’est pas tolérant, on ne va pas au bout d’une discussion ! Mes parents et mes grands-parents m’ont fait comprendre que l’accueil, même si on vivait des choses très difficiles, est possible. Tout cela ouvre au partage… L’Histoire apporte un éclairage. Ce que les générations passées ont vécu, nous construit… On a eu 3 enfants. Notre verre à moitié plein : ils sont croyants… Ils ne pratiquent pas ! La croyance, je l’ai reçue par une grand-mère… la transmission de la foi : je la dois à la Mission de la Mer qui a été, pour moi, ma véritable Paroisse ! Dans les valeurs transmises, il y a aussi l’amour… l’image de couples stables… C’est ce qui nous a permis de tenir dans des moments difficiles… Le respect de la nature… on a pu le transmettre aux enfants… La droiture : cohésion entre les actes et les paroles. Être le plus cohérent possible par rapport à ce que l’on pense, sans juger….

.8- Je suis issue d’une grande famille (12 enfants). Ma mère était très indépendante. On se respectait ; c’était simple ! Quand on se respecte, soi-même, on respecte les autres et on peut aller loin ! Ouverture aux autres = tolérance sans jugement… Mon père avait navigué… rencontres d’autre pays, d’autres personnes. Partage/accueil… dans une grande famille, on pouvait recevoir et partager. Tout cela se fait naturellement avec les enfants ! Dans les Associations où je suis, il y a beaucoup de solidarité. Cela ne me demande pas d’effort. Nos enfants font un peu la même chose. La foi, c’est plus compliqué. C’est autre chose que le dogme ! Le partage : c’est aussi savoir écouter ceux qui vivent de grandes souffrances, passer un moment avec eux ! La droiture, la morale, c’est important…. Quand on est proche du pouvoir, pas toujours simple !

.9- J’ai choisi l’éducation. J’étais enseignante et j’ai « l’amour de transmettre ». J’ai commencé ma carrière comme professeur de latin et de portugais. J’ai donné des cours dans des Collèges Maristes…. Mais, je voyais la pauvreté au Brésil… J’ai essayé de faire passer, dans mon enseignement, ce que je croyais. Je suis allée dans une Coopérative agricole, j’ai rencontré Philippe. On a fondé un centre de formation pour les Agriculteurs… Le soir, j’allais à 15 kms, donner des cours d’alphabétisation aux paysans. « Quand tu donnes, tu reçois ! ». Transmettre, pour moi, c’est important ! Quand je vois les humanitaires aller dans les pays de conflit, cela me rappelle ce que j’ai fait. En Afrique, nous pouvions accueillir des enfants. Philippe racontait ce qu’il avait vécu et moi ce que j’avais vécu au Brésil. On a beaucoup déménagé. Mes enfants étaient à l’école française. Pour transmettre, il faut de l’amour… Nous étions un couple mixte. J’ai dû faire des efforts d’adaptation. A partir de là, j’étais plus tolérante… Je trouve que mes enfants sont tolérants car ils ont vu la tolérance ! La transmission s’est faite par l’exemple. Il faut faire confiance !

.10- J’ai choisi de parler de la tradition du Tro Breizh, remise au goût du jour en 1994 ! Les Bretons étaient conviés à faire le tour des Évêchés Bretons. Aujourd’hui, cela se fait sur 7 ans. La tradition : une longue chaîne que nous pratiquons à la suite de nos ancêtres ! Transmettre les traditions avec des changements, bien sûr… Nous sommes héritiers d’un nom, nous faisons partie d’une lignée et nous avons des connaissances, reçues et données ! Connaissances de tous ordres, manuelles ou intellectuelles. L’orientation que nous avons prise a pu être donnée, un peu par les parents, mais beaucoup par l’environnement ! Ce n’est pas le style de croyance transmis par les collèges où j’ai été, que j’ai gardé ; je suis un « rescapé de la religion ». J’aurais pu arrêter à cause de tout cela… Mes parents étaient enfermés dans la religion. J’ai eu 2 frères prêtres ! Je ne suis pas étonné qu’autant de prêtres soient partis dans les années soixante !! J’ai été actif sur le plan spirituel. Je me suis engagé dans la Mission de la mer à ST BRIEUC. Je me suis engagé dans la Marine. J’essaie de transmettre ce que j’ai appris. A-t-on le droit de garder pour soi tout ce que l’on a appris ? Nous sommes des bâtisseurs, héritiers….

.11- Le mot transmission me fait penser à la courroie d’une voiture ! Quand une courroie lâche, çà casse ! Mes parents m’ont transmis des valeurs. Cela m’étouffait, à l’époque, mais le guidisme m’a appris l’échange, la réciprocité. Avec l’Action Catholique et le Secours Catholique, j’ai vécu l’entraide, la tolérance…. Accepter l’autre différent… Le pardon, c’est difficile… J’étais infirmière hospitalière. J’aimais le travail bien fait. Je suis passée à l’engagement. Transmission basée sur l’échange… Dans la vie de tous les jours, je vis l’échange, le partage. A travers l’échange et le partage, il y a la transmission. Manière d’être et de faire…. Exemplarité !

Transmettre veut dire beaucoup de patience ! Ma mère vient de mourir. Elle me laisse un héritage qui a valeur de souvenir. A la relecture, j’ai conscience de ces valeurs. Elles m’aident à continuer la route sans elle. La Transmission c’est une spirale ! Le lien social est important… Respecter les personnes pour ce qu’elles sont ! Transmission de la culture bretonne par la danse. Dans le Fest-Noz, tout le monde entre dans la danse ! C’est comme cela que la culture bretonne se propage. La transmission est basée sur le mot paix et confiance. Est-ce que je les transmets ? Je n’ai pas eu d’enfants. Je n’ai pas transmis la Vie. La transmission se fait avec mes neveux. Ma nièce est infirmière… je lui ai transmis la fibre ? La paix est une valeur à transmettre… Elle me donne l’espérance que rien n’est figé. Faire la paix en moi-même ! Si chacun est porteur de paix, la paix pourrait devenir universelle ! La prière m’aide à apaiser les choses…. Voir l’Esprit à l’œuvre ! Je suis associée à une Congrégation Religieuse qui a transmis sa spiritualité à des Laïcs ! Je me nourris de la spiritualité qu’elles ont transmis !

.12- Dans la vie, je pense qu’il y a une continuité importante pour nous aider à vivre… Étant enfant, j’ai eu des modèles autour de moi, avec beaucoup de charisme, que j’admirais, et qui m’ont beaucoup appris ! Mais j’ai eu une éducation religieuse très étriquée. Jean VOLOT est arrivé ! Il nous a montrés que l’essentiel était ailleurs ! Il nous a libérés des obligations de toutes sortes ! Cela m’a remis le pied à l’étrier ! On transmet plus par notre façon d’être, de vivre, que par un discours … Ce qu’on a transmis à nos enfants, entre autre : la sensibilité à l’écologie.

.13- J’ai été élevé dans une école chrétienne. Je suivais. Il y a toujours des choses qui ne me vont pas bien ! On a essayé de transmettre la foi à nos enfants. Ils ont été baptisés à 10 ans. On a eu une culture religieuse solide et bien documentée. À partir de cette base, on peut comprendre les choses mieux qu’avant ! La culture religieuse de nos enfants est beaucoup moins solide que la nôtre et celles de nos petits-enfants encore moins! Faute de connaissances, ils vont s’orienter vers d’autres religions… Important de bien connaître sa culture à soi pour la partager ! On n’a pas réussi à transmettre cette culture de base pour leur permettre d’aller plus loin …