Liberté de choix. Ai-je vraiment le choix ?

Aix-en-Provence, 17 janvier 2011

 

7 participants

 

Dès la naissance, le choix est fait : le code génétique, le milieu familial. Toute ma vie a été jalonnée de problèmes de santé : à 10 ans j’étais condamnée par la médecine traditionnelle (maladie de reins) et sauvée par l’homéopathie. J’ai eu une typhoïde ensuite, un panaris au moment où je passais mon diplôme d’infirmière. Mariage, fausses couches, adoption d’enfants, séparation… J’ai ensuite choisi de rester seule. Tous ces événements m’ont conduite à rencontrer Jésus. Est-ce un choix ? Je crois que tous les événements sont des signes…

 On croit avoir le choix ! Dans mon cas, mes études de chimiste ont été déterminées par mon père, qui voulait que je prenne sa succession. En revanche, mon mariage, mon divorce, mon remariage, mon deuxième divorce, et maintenant ma vie actuelle sont des choix. Professionnellement, j’ai à un moment choisi de changer de métier et d’être mon propre patron : c’était par instinct de survie. Mais ces choix sont le résultat d’un déterminisme.

 Je crois qu’on ne choisit pas fondamentalement tant qu’on ne comprend pas bien les choses. Tout a un sens, si on est lucide. J’ai longtemps été obnubilée par le travail jusqu’au jour où on m’a préféré quelqu’un d’autre, et cette déconvenue m’a poussée à prendre du recul, à me remettre en question et à m’ouvrir davantage. Maintenant, je m’accepte telle que je suis, je ne choisis plus pour faire plaisir aux autres, je me sens libre.

 Je crois qu’on a le choix, toujours, mais qu’on ne sait pas forcément le faire. Il y faut le courage des Résistants de la deuxième guerre mondiale. Il y a ceux qui pourraient choisir, mais ne le font pas. En ce qui me concerne, après m’être inscrit à l’École de l’Air pour faire plaisir à mon père, j’ai démissionné aussitôt qu’admis. Sentimentalement, j’ai choisi entre deux femmes, et pense avoir fait le bon choix… Il m’est aussi arrivé de ne pas choisir : professionnellement j’ai renoncé à une promotion qui m’aurait éloigné d’un métier que j’aime, et qui m’intéresse. Tout récemment j’ai choisi de refuser un avancement que j’attendais depuis 3 ans, estimant qu’il arrivait trop tard.

 La première fois que j’ai dû choisir, ce fut pour la deuxième langue vivante : le Russe, dont la responsable assurait habilement la promotion, nous faisant miroiter un voyage en URSS, lequel a coûté cher à mes parents, me privant d’argent de poche et me faisant découvrir ce qu’est un régime totalitaire. Mon mariage, ce fut par amour, mais chrétien, ce fut par choix. Élever des enfants était une évidence, pas un choix. M’inscrire à la Fac, ce que je viens de faire, est un choix : j’ai enfin l’impression de m’occuper de moi !

 J’ai l’impression d’avoir longtemps été privée de la possibilité de choisir, du fait de l’autoritarisme de ma mère. Après des études sans problème, mon mariage m’a permis d’échapper à l’emprise maternelle, surtout quand nous sommes partis sur Paris. J’ai choisi de me consacrer à mon métier, peut-être un peu trop selon mari et enfants. En définitive, j’ai eu beaucoup de satisfactions professionnelles et personnelles.

 Ce sujet de témoignage est typique des devoirs de philo. Pour ma part je suis convaincu du déterminisme, et que la liberté de choix est une illusion. Après mon CAPES j’ai été tenté de faire une thèse sur Pierre Loti. Mais au premier obstacle j’ai sauté sur l’occasion pour renoncer et me consacrer à la musique. Il se trouve que mon métier d’enseignant m’a rendu très heureux, mais ma mère était institutrice, j’étais bon élève, j’étais sur des rails. En revanche dans ma vie privée j’ai dû faire un choix capital, au téléphone, en trois secondes. Mais je peux toujours dire que c’est ma nature profonde et mon éducation qui ont déterminé ce choix. Je ne le regrette pas. Pour les petites décisions, je suis souvent indécis, conscient que « choisir, c’est se priver de ce qu’on ne choisit pas ».